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Crise politique

Martelly fait passer le temps, selon Rosny Desroches

mercredi 29 octobre 2014

La situation du pays est très grave et aucun des trois pouvoirs n’a rien fait pour la changer. Le directeur de l’Initiative de la société civile (ISC) dit avoir l’impression que le pouvoir attend le 12 janvier 2015 pour se débarrasser du Parlement et diriger le pays par décret afin de faire tout ce qu’il veut. Dans une déclaration conjointe, Rosny Desroches et plusieurs autres hautes personnalités de différents secteurs proposent une solution de sortie de crise en trois points.

Mgr Guire Poulard, Archevêque de Port-au-Prince ; Mgr Zachée Duracin, évêque de l’Église épiscopale ; Pauris Jean-Baptiste, pasteur protestant ; l’Ati Max Beauvoir, Confédération nationale des vaudouisants haïtiens ; André Apaid, Raoul PECK, entre autres personnalités, de la société proposent : « L’examen et le vote sur une base consensuelle des amendements à la loi électorale qui permettront de tenir des élections législatives et locales d’ici le 1er trimestre de l’année 2015. De plus, de nouvelles balises pour des élections transparentes et crédibles pourront être éventuellement introduites dans les amendements. »

Dans cette déclaration conjointe, ces personnalités proposent en second lieu : « La définition et l’adoption entre l’exécutif et le Parlement, de dispositions capables de garantir à partir du 12 janvier 2015 la permanence de l’équilibre démocratique dans le fonctionnement des pouvoirs de l’Etat. »

Enfin, elles réclament « l’engagement par le pouvoir exécutif de véritables négociations avec les partis politiques et les parlementaires de l’opposition en vue de mettre en place des mesures d’assainissement et d’apaisement de l’environnement politique. Ces mesures doivent être susceptibles d’inspirer confiance aux acteurs politiques, à la société civile ainsi qu’à la population, en vue d’une participation sereine aux prochaines élections. »

Selon le directeur exécutif de l’Initiative de la société civile (ISC), signataire de la déclaration, le chef de l’Etat n’avait pas réellement la volonté de rencontrer les partis de l’opposition. Sinon, a-t-il dit, on aurait fait les démarches nécessaires en s’assurant que l’invitation est arrivée à destination et la préparation d’un agenda avant la rencontre. « Il a donné l’impression qu’il voulait les rencontrer mais sans souhaiter les rencontrer pour autant », a estimé Rosny Desroches, intervenant mardi matin sur les ondes de Radio Magik 9.

Pour le responsable de l’ISC, les séries de consultations politiques entamées par le chef de l’Etat s’apparentent à des actions dilatoires visant à faire passer le temps. Michel Martelly ne veut pas rentrer dans les négociations pouvant déboucher sur une sortie de crise, a-t-il dénoncé.

Du côté du Parlement, Rosny Desroches a dit constater que certains parlementaires ont abandonné le chemin du dialogue et gagnent les rues dans les manifestations. Quant au pouvoir judiciaire, le directeur exécutif de l’ISC a estimé que les responsables prennent des mesures inconstitutionnelles et ne contribuent pas non plus à une sortie de crise.

« On a l’impression qu’on va vers une confrontation, vers un vide institutionnel. Il ne sera profitable à personne… », a-t-il mis en garde.

Même si l’opposition réclame le départ du chef de l’Etat, Rosny Desroches croit que le président Martelly doit les rencontrer et les écouter. « En politique, il peut y avoir des incompréhensions, des malentendus et des fausses perceptions. On peut les corriger et apporter des réponses pour calmer les esprits », a-t-il exhorté.

Il a fait savoir que la commission de suivi de l’Accord d’El Rancho, dont il est l’un des membres, est toujours vivante et elle multiplie des rencontres. Vendredi dernier, a-t-il dit, à l’approche du 26 octobre, date à laquelle le président avait convoqué le peuple dans ses comices, la commission a rencontré le CEP. Les conseillers électoraux lui ont indiqué que trois mois après avoir reçu un cadre légal, ils seront en mesure d’organiser les élections dans le pays.

Après le deuxième lundi du mois de janvier 2015, les trois pouvoirs doivent continuer à exister, sinon, selon Rosny Desroches, « le peuple doit reprendre sa souveraineté… »

DÉCLARATION DES MEMBRES DE LA SOCIETE CIVILE Les personnalités et représentants soussignés des organisations de la société civile, des droits humains, du secteur religieux, de la basoche et du monde artistique, constatent avec inquiétude l’enlisement de la crise politique et institutionnelle préélectorale engendrée par des dérives inacceptables des trois (3) grands pouvoirs de l’État. Des comportements affichés aujourd’hui encore au sein des Pouvoirs Exécutif, Législatif et Judiciaire contribuent à remettre gravement en question dans notre pays, la difficile construction d’un système démocratique constitutionnel et le fonctionnement d’un Etat de droit. Les signataires de la présente déclaration estiment extrêmement urgent et impératif que des actes concrets et appropriés soient posés par les pouvoirs concernés en vue d’éviter le pire et de freiner la dégringolade continue de notre nation. Dans cet esprit, nous demandons instamment aux acteurs impliqués qui en ont la responsabilité directe, d’engager simultanément à trois (3) niveaux le processus nécessaire, appelé à prévenir la rupture délibérée de l’ordre constitutionnel et démocratique dans notre pays à partir du 12 Janvier 2015. A cet égard nous proposons à leur attention l’approche suivante : 1) L’examen et le vote sur une base consensuelle des amendements à la loi électorale qui permettront de tenir des élections législatives et locales d’ici le 1er trimestre de l’année 2015. De plus de nouvelles balises pour des élections transparentes et crédibles pourront être éventuellement introduites dans les amendements. 2) La définition et l’adoption entre l’Exécutif et le Parlement, de dispositions capables de garantir à partir du 12 Janvier 2015 la permanence de l’équilibre démocratique dans le fonctionnement des Pouvoirs de l’Etat. 3) L’engagement par le Pouvoir Exécutif de véritables négociations avec les partis politiques et les Parlementaires de l’Opposition en vue de mettre en place des mesures d’assainissement et d’apaisement de l’environnement politique. Ces mesures doivent être susceptibles d’inspirer confiance aux acteurs politiques à la société civile ainsi qu’à la population, en vue d’une participation sereine aux prochaines élections. Les signataires de la présente prise de position souhaitent vivement que ces trois (3) initiatives articulées entre elles et engagées simultanément puissent aboutir de manière concordante à des résultats concrets et définitifs dans un délai maximum qui ne dépasserait pas la fin du mois de Novembre 2014. Nous lançons un appel solennel aux acteurs concernés, aux fils et aux filles de notre nation pour les inviter, à ce carrefour dangereux de notre histoire, à faire preuve de patriotisme, de modération et de sens de responsabilité, en vue d’épargner au peuple haïtien et particulièrement à la grande majorité des plus vulnérables et des plus démunis le spectre d’une souffrance encore plus grande et plus indigne. Suivent les Signatures : Mgr Guire POULARD Archevêque de Port-au-Prince ; Mgr Zachée DURACIN Evêque de l’Église épiscopale ; Pauris JEAN-BAPTISTE Pasteur protestant ; Ati Max BEAUVOIR Confédération nationale des Vodouisants haïtiens ; Rosny DESROCHES Initiative Société Civile ; Edouard PAULTRE CONHANE ; Luckner JABOUIN GERES ; Sylvie W. BAJEUX CEDH ; Pierre ESPERANCE RNDDH ; Andy APAID Industriel ; Jinaud AUGUSTIN LANSE-HAITI ; Raoul PECK Cinéaste ; Arnold ANTONIN Cinéaste ; James JACQUES ICEC-HAITI

Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com


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