MosaikHub Magazine
En voyage en France

Martelly en tête-à-tête avec Hollande et Toussaint Louverture

samedi 1er novembre 2014

Le Nouvelliste | Publié le : 31 octobre 2014.
Ce samedi 1er novembre 2014, entre 10 heures et 11h30 du matin, heure de France, le président Michel Martelly sera au fort de Joux pour la première visite officielle d’un président haïtien dans ce qui tint lieu de prison et de dernière demeure à Toussaint Louverture, il y a plus de deux siècles.

Accompagné de la première dame, Sophia Martelly, du ministre des Affaires étrangères, Duly Brutus, et de celui du Commerce et de l’Industrie, Wilson Laleau, le président devra prendre quelques minutes seul pour se recueillir dans la cellule du « premier des Noirs », le précurseur de l’indépendance haïtienne.

Toussaint, le stratège mort prisonnier, retient périodiquement l’attention des chefs d’Etat haïtien. Le dernier à en avoir fait son héros fut Jean-Bertrand Aristide il y a une dizaine d’années à la veille des 200 ans de la proclamation de l’Indépendance haïtienne. Il en avait fait le symbole de sa demande à la France de la restitution de la dette de l’Indépendance payée par Haïti à l’ancienne métropole. Aristide voulait obtenir des Français le capital et les intérêts de la dette. Martelly transforme l’homme de Bréda en ciment de sa relation avec la France.

François Hollande, lui-même, avait évoqué Toussaint Louverture dans son allocution du 10 mai dernier, à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions en France.

Ce samedi 1er novembre, jour de la Toussaint pour l’Eglise catholique, marquera-t-il un nouveau départ dans les relations entre les deux pays ? Le président François Hollande, dans son intervention du jour, n’a pas manqué de souligner qu’il a voulu donner tout l’éclat nécessaire à la visite du président Michel Martelly en Franche-Comté. D’ailleurs, un ministre français accompagnera la délégation haïtienne. Il s’agit de George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer, les dépendances françaises dans les Antilles et ailleurs dans le monde.

La visite de deux jours pleins du président Martelly en France n’a pas été faite pour ce seul, mais important devoir de mémoire. Vendredi, le président haïtien a eu une journée marathon à Paris.

Après un petit déjeuner avec ses conseillers rentrés de Berlin comme lui jeudi tard dans la soirée, Michel Martelly a tour à tour rencontré son homologue François Hollande pour une rencontre bilatérale de travail à l’Elysée, au 55 rue du Faubourg St Honoré, dans le 8e arrondissement de Paris.

Sortie de sa rencontre, le président a fait une courte déclaration sur la cour de l’Elysée. Le président français a été tout aussi bref. Selon ce que les deux chefs d’Etat ont dit aux journalistes présents, leur réunion a porté sur un partenariat à mettre en place dans le domaine de l’éducation. Il y a eu aussi une revue des projets en cours, dont la reconstruction de l’Hôpital général.

Le président Hollande a annoncé la visite du Premier ministre Laurent Lamothe en France au début de 2015. Il a promis un déplacement en Haïti au plus tôt. En 2015 ou 2016. A l’occasion d’un sommet que tiendra l’Organisation des Etats américains en Haïti ou lors d’un de ses déplacements dans les Antilles françaises.

Il a été beaucoup question des Antilles françaises. Pour le chef de l’Etat français, la coopération Haïti-France passera par la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane, territoires proches et où vivent de fortes communautés haïtiennes.

Pendant ce bref échange avec la presse, il a été question aussi de l’usage du français comme langue d’enseignement en Haïti. Hollande souhaite comme Martelly la présence de professeurs français dans les lycées en Haïti. La demande a été introduite par le président haïtien et son homologue y a été sensible.

D’autant que François Hollande dit ne pas vouloir voir l’usage du français se perdre en Haïti. « La langue française fait partie de l’identité haïtienne ». Il porte un appui aussi à la place d’Haïti dans la francophonie sans faire de référence directe à Michaelle Jean. Il a aussi salué Dany Laferrière, qui rentre bientôt à l’Académie française.

Du bout des lèvres, les deux présidents ont admis avoir parlé politique. Ils ont évoqué la question des élections. Aucune autre considération n’a été faite sur le sujet et personne n’a mentionné la lettre des organisations des droits humains adressée à la présidence française et dénonçant les dérives de Michel Martelly et de son administration.

Une heure après sa réunion de travail avec Hollande, le président Martelly s’est rendu au Medef International à quelques pas du palais de l’Elysée. Au 31 de la rue du Faubourg St Honoré, Martelly était cette fois accompagné en plus des ministres, de Grégory Brandt, président de la Chambre de commerce franco-haïtienne, des hommes d’affaires Edouard Baussan, (banque, transport maritime, produits pétroliers) Hervé Fuertes (construction), Jean Raphael Boulos, (import-export), Hervé Denis (hôtellerie), Geoffrey Hadal (transport maritime), Jovenel Moïse (agriculture biologique), Claude Derenoncourt (exportation de mangues), Ralph Edmond (production de produits pharmaceutiques), Daniel Silva (green business et startup).

En plus de ces acteurs du secteur privé, le président avait ses conseillers Grégory Mayard Paul, Dr Georges Michel, Dr Pierre Pompé, Renald Luberice, Lucien Jura. Norma Powell, directrice du Centre de facilitation des investissements et Andress Appolon, représentante d’Haïti à la Banque interaméricaine de développement (BID) et conseillère du président pour les questions énergétiques, toutes deux présentes en Allemagne, n’avaient pas fait le déplacement à Paris.

« Le déjeuner de travail au Medef a été un succès », selon plusieurs hommes d’affaires qui y ont pris part et qui ont été interrogés par Le Nouvelliste. « Les Français avaient des questions, des inquiétudes, nous avons pu les éclairer », a dit l’un d’eux. « Nombreux de ceux qui étaient là connaissent déjà Haïti, y ont des affaires, ou son intéressés par nos potentiels », a expliqué un autre. « Ce fut une très bonne rencontre », a conclu un vieux de la vieille qui participe depuis des décennies à des missions similaires.

Après la parenthèse Medef, le président a accordé une interview à TV5 Monde. Autour de Philippe Dessaint, deux journalistes, l’une de RFI et un autre du journal Le Monde, ont pressé Michel Martelly de questions sur les élections, la démocratie, les prisonniers politiques, l’article 136 de la Constitution, Duvalier et son procès et aussi sur l’avortement ou la reconstruction. Ce fut intense. Une belle épreuve démocratique. Dans l’émission International sur TV5, l’entretien sera diffusé dimanche et pourra être vu en Haïti.

Apres les journalistes, le président a rencontré l’Association des taxis haïtiens de Paris (ATHP). Les chauffeurs de taxis haïtiens de France sont parmi les membres les plus aisés de la communauté haïtienne de ce pays. Ils sont aussi très connectés à leur pays natal.

La soirée s’est achevée à l’Unesco où le président a eu un entretien en tête-à-tête avec Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco. Le président Martelly, avant de prendre le train pour Besançon, a ouvert la cérémonie des 70 ans de l’Unesco et a prononcé une allocution en la circonstance.

Si à l’Unesco la personnalité en vedette vendredi soir, pour les 70 ans de l’institution, était Nelson Mandela, ce samedi 1er novembre, le président Martelly a rendez-vous avec Toussaint Louverture au fort de Joux.

Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie