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Marseille : Bielsa, le geek qui fait du foot une science

dimanche 28 décembre 2014

L’entraîneur argentin de l’OM, séduisant leader à la trêve hivernale, s’appuie sur les dernières technologies d’aide à la performance.

GPS, capteurs pour mesurer l’accélération, contrôle vidéo : la "méthode Bielsa", qui a fait de Marseille un séduisant champion d’automne en Championnat de France, s’appuie sur les dernières technologies d’aide à la performance, loin de l’image un peu vieux jeu des longues causeries tactiques.

La trêve touche bientôt à sa fin et les joueurs marseillais reprendront l’entraînement lundi. C’est devenu une habitude : à chaque séance, ils enfilent une sorte de brassière plutôt inélégante, mais qui renferme un monstre de technologie.

GPS, gyromètre, accéléromètre... "Ce boîtier mesure leurs déplacements, leurs mouvements, l’intensité de leurs efforts", explique Paul Boanas, à la tête de la section Europe de l’entreprise Catapult Sports, qui fournit, pour 2 700 euros pièce, ce boîtier à l’OM. "Cela permet par exemple de voir le temps passé en l’air à chaque saut, ou les plongeons des gardiens..."

L’AC Milan, la Suède, l’ASM Clermont, le RC Toulon...

L’OM, comme l’AC Milan, la sélection suédoise de football ou encore, en rugby, les clubs français de l’ASM Clermont ou du RC Toulon, selon l’entreprise, stocke ensuite ces données pour mesurer le niveau de forme ou l’apport dans le jeu de ses joueurs.

"Cela permet de contrôler les zones de jeu, mais aussi de vérifier le niveau de forme des joueurs, de s’assurer qu’ils ne donnent pas trop à l’entraînement pour ne pas arriver fatigués au match, ou encore de tirer la sonnette d’alarme en cas de blessure, si la charge de travail est trop élevée", poursuit M. Boanas.

La capacité de résistance physique est une donnée essentielle dans le football moderne, et davantage encore dans le système de jeu mis en place par Marcelo Bielsa, fait de possession, de répétitions d’efforts et d’agressivité sur le porteur de balle.

L’OM a toujours eu plus le ballon

"Aucune équipe n’a autant couru que Marseille depuis le début du championnat", a récemment souligné l’Argentin. Les statistiques de la Ligue française de football font valoir une autre réalité : sur ses 19 matches de la phase aller, l’OM a toujours eu plus le ballon que son adversaire (Paris-SG compris), avec une moyenne de 56,7 % de possession, qui monte à 59,6 % sur les cinq derniers matches.

Pour permettre une telle débauche d’énergie, les joueurs effectuent un gros travail de foncier. Début décembre, le Français Florian Thauvin expliquait ses performances en demi-teinte du début de saison par un problème physique : son corps "n’était pas prêt pour encaisser tous les efforts" demandés par Bielsa, et il lui a fallu "un peu de temps" pour s’adapter.

Rationaliser les efforts

C’est à cette fin que l’OM a recruté en juin, à la demande de Marcelo Bielsa, le Belge Jan van Winckel au poste de préparateur physique. Passé par le club saoudien d’Al-Ahli, cet universitaire est l’auteur d’un livre sur l’application des connaissances scientifiques dans le football (Fitness in Soccer) et cofondateur de Topsportslab, une entreprise spécialisée en gestion de la performance.

Et sans qu’il soit possible d’établir de causalité directe, force est de constater que l’OM est passé entre les gouttes de pépins physiques majeurs, contrairement à d’autres formations de Ligue 1 française.

Cette solidité de l’effectif est aussi la conséquence d’une rationalisation des efforts : c’est le rôle de la vidéo. "Concernant l’analyse vidéo, Marcelo Bielsa est arrivé avec ses propres méthodologies et logiciels", explique Thomas Schmider, P-DG de Prozone-Amisco, partenaire de longue date de l’OM et qui se sert de la vidéo pour compiler les statistiques en matches.

Comme les joueurs ne sont pas autorisés à porter de GPS en match, ce sont des caméras qui enregistrent leurs déplacements et leur rapidité de mouvement. Des images compilées puis revisionnées, par les joueurs et par Bielsa, pour corriger erreurs de placements ou de choix offensifs.

"Il revoit tous les matches", avait expliqué le Français André-Pierre Gignac mi-décembre. "Ce qu’on n’a pas fait lors du match précédent, on va le refaire à l’entraînement, et le refaire jusqu’à ce que ça rentre."


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