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Mais d’où vient (vraiment) le père Noël ?

lundi 7 décembre 2015

Le digne héritier de l’évêque Nicolas de Myre a su traverser siècles et continents sans prendre une ride. Petite histoire d’un grand homme.

Par Frédéric de Monicault

Quand le père Noël est-il ? Sa figure tutélaire est celle de saint Nicolas, ou plus précisément de Nicolas de Myre, un évêque né vers 270 après J.-C. à Patara en Asie mineure, dans une région désormais située au sud de la Turquie. Décapité par les Romains, le martyr est canonisé vers 350. Au cours de sa vie, cet homme d’une rare générosité aurait réalisé plusieurs miracles. Son culte le présente peu à peu comme le protecteur des enfants. La date de sa mort, le 6 décembre, commence à être fêtée au début du Moyen Âge : la Saint-Nicolas, d’abord célébrée par les populations germaniques, installe la légende du père Noël ; ce jour-là, on récompense les enfants sages.

A-t-on fêté Noël avant la Saint-Nicolas ? Bien avant que la religion chrétienne ne s’empare de ces dates, le solstice d’hiver était célébré en Europe à la fin du mois de décembre. C’est le pape Libère qui, en 353 (ou 354), décide de fixer le jour de la naissance de Jésus au 25 décembre : l’homme d’Église cherche un moyen de supplanter les rites païens, à la fois le solstice d’hiver – fêté notamment par les Celtes –, les saturnales des Romains – en hommage à Saturne, dieu des semailles et de l’agriculture – ou encore le culte des morts des Germains. Libère atteint son objectif : l’association de la Nativité avec l’allongement des jours et le retour de la lumière contribue à donner une dimension chrétienne au solstice d’hiver.

"Sir Christmas" ou "Old Winter"

En France, Noël devient "Noël" au début du XIIe siècle : les racines étymologiques sont celles de l’appellation "nael" – en ancien français – elle-même nourrie du latin "natalis". Noël, "le jour de la naissance", et Pâques s’imposent comme les deux fêtes chrétiennes les plus importantes. Pendant ce temps, saint Nicolas, l’ancêtre du père Noël, poursuit sa route : au XVIIe siècle, des colons hollandais exportent sa figure en Amérique ; Sinterklaas (en flamand) devient Santa Claus, promu personnage central d’un conte de Noël écrit en 1821 par un pasteur américain. Sous sa plume naissent des éléments intangibles qui ne bougeront plus : un bonnet, des rennes, un traîneau…

Quid de la couleur écarlate qui est la sienne ? Le rouge cher au père Noël vient, lui aussi, de loin : au Moyen Âge, saint Nicolas arborait une cape carmin. Plusieurs siècles plus tard, après avoir débarqué aux États-Unis, les dessinateurs le croquent vêtu de rouge. Une orientation définitivement adoptée après les années 1930, après que les publicitaires de Coca-Cola ont fait du père Noël rouge le personnage emblématique de la marque. Cette fois, le père Noël est bien une figure universelle, connue et reconnue sur tous les continents. Attention, néanmoins, le vert le dispute parfois au rouge : c’est le cas en Angleterre, où Father Christmas, le père Noël britannique, utilise volontiers les deux couleurs. Tandis que le vert remonte au Moyen Âge – le personnage est alors baptisé Sir Christmas ou Old Winter –, le rouge apparaît sous la reine Victoria. À l’époque médiévale, Father Christmas est encore loin de se promener la hotte chargée de cadeaux : il va plutôt d’une maisonnée à l’autre pour déguster les bons repas que ses hôtes ont préparés.

D’une manière générale, inutile de tirer des conclusions trop hâtives au sujet du père Noël, chaque pays lui accolant des traditions et des origines un peu différentes. Il en va de même pour le père Fouettard, son exact contraire, dont les premiers pas datent du XIXe siècle. Heureusement pour les enfants, le père Fouettard est beaucoup moins connu que le père Noël !

Cet article est paru sur Historia.fr le 24 décembre 2014

Consultez notre dossier : Le Journal de Noël


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