MosaikHub Magazine

Livre de Trierweiler : Valls et Royal tentent de sauver le soldat Hollande !

jeudi 4 septembre 2014

Devant les révélations du livre "Merci pour ce moment", l’exécutif, le Premier ministre et l’ex-compagne du président en tête tentent de venir à sa rescousse.

"Il faut de la dignité." "Par des attaques outrancières, par le mélange de la vie publique et de la vie privée, on abaisse le débat", a déclaré le Premier ministre Manuel Valls, en visite jeudi dans une école primaire de Meurthe-et-Moselle, à Saulxures-lès-Vannes.

Quelques minutes plus tôt, sur BFMTV, Ségolène Royal s’est montrée plus véhémente. Mère des quatre enfants du président dont elle a partagé la vie pendant une trentaine d’années, jusqu’en 2007, et ministre de l’Environnement, Ségolène Royal a d’abord évoqué un "capharnaüm" et refusé "d’alimenter ce débat", ne voulant pas se "laisser entraîner sur le terrain privé". Puis, interrogée sur le passage du livre où Valérie Trierweiler écrit qu’"en réalité, le président n’aime pas les pauvres", elle a lâché : "C’est n’importe quoi, c’est le contraire de l’engagement politique d’un grand responsable de gauche, socialiste." "C’est le contraire de son identité politique, il faut être sérieux." "Il faut juger les hommes politiques sur leurs actes." La ministre en veut pour preuve l’action de François Hollande en faveur "des plus précaires" et des "anciens" lorsqu’il était à la tête du conseil général de Corrèze.

Secrétaire d’État à la Réforme territoriale, Thierry Mandon a laissé lui aussi éclater sa colère : "Je me fiche de ce que pense Mme Trierweiler, qui fait beaucoup de mal à la vie publique en faisant ce livre, qui fait beaucoup de mal au métier de journaliste, qui finalement semble nous produire une sorte de marivaudage de supermarché dont on se serait bien passé." "Il suffit d’aller à Tulle, d’aller en Corrèze, de regarder un certain nombre de décisions qu’il a prises dans ce quinquennat pour les plus fragiles pour se rendre compte que tout cela est une triste farce", a-t-il encore argué, à l’unisson avec Ségolène Royal. Le "portrait implicite" qui est fait de François Hollande par son ex-compagne "n’est absolument pas la réalité que l’on peut percevoir" de lui, a abondé Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement.

"Cadeau de rupture"

François Hollande a même trouvé un "frondeur" pour le soutenir en la personne de Jérôme Guedj qui "ne croit pas" à la formule des "sans-dents" venant d’un "militant socialiste qui a l’égalité chevillée au corps". Quant à la présidente du Front national, Marine Le Pen, elle considère l’ouvrage de Valérie Trierweiler comme "un déshonneur pour la France qui touche autant celle qui parle que celui dont elle parle", et un "concours d’indécence". Tout en ajoutant que la formule des "sans-dents" serait "abjecte [...] si elle a été prononcée".

Signe du profond malaise créé par Merci pour ce beau moment, les éditorialistes y voyaient jeudi "le coup de grâce" pour le président de la République (Cécile Cornudet, Les Échos), un "cadeau de rupture dévastateur" (Philippe Waucampt, Le Républicain lorrain), ou "l’obscénité à son comble" (Yves Thréard, Le Figaro).

Reste à en mesurer les effets sur l’opinion. Pour Jérôme Saint-Marie (PollingVox), il est abusif de parler d’un "coup de grâce". Le politologue juge notamment que "contrairement à Nicolas Sarkozy auquel on reprochait d’exposer sa vie privée, François Hollande n’est pas à l’initiative de ce mélange des genres". Jérôme Fourquet (Ifop) y voit pour sa part une "embûche supplémentaire dans un parcours qui en était déjà constellé" susceptible "d’affecter l’une de ses seules cartes qui restait au président, son capital de sympathie, d’empathie et de proximité avec les Français".

Plus grave encore, selon lui, l’épisode pourrait "alimenter le discours d’une partie de la gauche qui fait le procès des rapports de la sociale-démocratie aux pauvres après DSK et la domestique du Sofitel, Cahuzac et ses comptes à l’étranger, Aquilino Morelle et son cireur de chaussures et, maintenant, Hollande et les sans-dents".

Le tsunami déclenché par la publication de Merci pour ce moment, le livre-confession de Valérie Trierweiler, devient une quasi-affaire d’État à quelques jours d’un calendrier politique délicat pour l’exécutif. Mardi 16 septembre, Manuel Valls engagera la responsabilité de son gouvernement à l’issue d’une déclaration de politique générale. Deux jours plus tard, François Hollande donnera une conférence de presse de rentrée. Bon courage.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie