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Le drapeau américain flotte de nouveau à La Havane

vendredi 14 août 2015

Cinquante-quatre ans après avoir été baissé, le drapeau américain flotte à nouveau devant l’ambassade des Etats-Unis à Cuba, hissé vendredi en présence du secrétaire d’Etat John Kerry, qui a salué une étape "historique" dans la réconciliation des deux ex-ennemis.

"Aujourd’hui nous faisons un pas historique - et j’ajouterais qu’il aurait dû survenir bien plus tôt - dans la bonne direction et nous sommes déterminés à aller de l’avant", a déclaré le chef de la diplomatie américaine, le premier à fouler le sol cubain depuis 1945.

S’exprimant lors d’une conférence de presse au côté de son homologue cubain Bruno Rodriguez, il a assuré que la normalisation des relations avec Cuba avait un caractère irréversible.

"Je ne peux pas imaginer un président, qu’il soit républicain ou démocrate, jeter tout ça par la fenêtre", a-t-il lancé, alors que la visite de vendredi a encore une fois suscité les critiques des opposants au réchauffement, dont le gouverneur Jeb Bush et le sénateur Marco Rubio, candidats républicains à la Maison Blanche.

Faisant montre de bonne volonté, M. Rodriguez a affirmé que Cuba était disposé à "discuter de tous les sujets, même si nous ne sommes pas toujours d’accord", avec les Etats-Unis, y compris des droits de l’homme.

- Exigences de La Havane -

Mais il a répété aussi les exigences de La Havane avant de sceller complètement la bonne entente entre les deux ex-ennemis de la Guerre froide, brouillés pendant plus d’un demi-siècle.

"J’ai rappelé au secrétaire d’Etat que la levée totale du blocus (économique imposé par Washington depuis 1962) est essentielle pour pouvoir avoir des relations normales avec les Etats-Unis, de même que la restitution de la base navale de Guantanamo", située à Cuba, a-t-il affirmé.

Mais si M. Kerry avait assuré, plus tôt dans la journée, que l’administration du président Barack Obama était "fortement en faveur" de la levée de l’embargo, il s’est montré plus réservé sur le second point : "Pour le moment il n’y a pas de changement prévu dans l’arrangement concernant Guantanamo".

Point d’orgue de cette journée : la réouverture officielle de l’ambassade, huit mois après l’annonce solennelle et simultanée, le 17 décembre, par Barack Obama et Raul Castro, d’un rapprochement historique.

Et pour marquer un peu plus l’Histoire, ce sont les trois Marines qui avaient abaissé en janvier 1961 le drapeau flottant au fronton de la représentation diplomatique qui l’ont remis aux jeunes Marines l’ayant hissé vendredi.

Derrière des barrières de sécurité, une petite foule a assisté à cette cérémonie en agitant des drapeaux cubains. Les hymnes cubain, américain et la levée du drapeau ont été accompagnés de "Viva" et d’applaudissements.

- Sur son 31 -

Façades repeintes, rues asphaltées dans l’urgence : La Havane s’était mise sur son 31 pour accueillir M. Kerry, qui repartira en début de soirée.

Après la conférence de presse, le secrétaire d’Etat s’est d’ailleurs offert une promenade à pied dans la pittoresque vieille ville, ôtant sa veste et sa cravate face à l’écrasante chaleur.

"Voir flotter la drapeau américain sur le Malecon (front de mer) de La Havane est un sentiment aussi profond que celui ressenti à Washington", quand a été hissé le drapeau cubain, confiait cette semaine à l’AFP Hugo Cancio, l’un des rares Cubano-américains invités à la cérémonie.

Dans les faits, les relations diplomatiques sont déjà rétablies - et les ambassades des deux côtés rouvertes - depuis le 20 juillet.

Les deux gouvernements avaient rompu les liens en 1961 deux ans après l’avènement de la révolution castriste mais ils entretenaient depuis 1977 des sections d’intérêts qui faisaient office d’ambassades.

Cette brève visite vise aussi à aborder les sujets qui fâchent, comme la protection des droits de l’homme et des dissidents politiques.

"Le peuple de Cuba serait mieux servi par une véritable démocratie où les gens sont libres de choisir leurs dirigeants", a insisté John Kerry, qui a indiqué qu’une commission bilatérale, pour poursuivre le rapprochement notamment sur la question des droits de l’homme, se réunira en septembre.

Alors que de nombreux dissidents cubains craignent de perdre le soutien des Etats-Unis une fois les deux pays complètement réconciliés, le secrétaire d’Etat rencontrera dans l’après-midi des opposants au cours d’une réception, privée, à la résidence de l’ambassadeur américain à La Havane.


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