MosaikHub Magazine

Le cas Aristide

jeudi 4 septembre 2014

Tous les aspects de ce dossier explosif présentent des ramifications complexes. L’aspect politique est aussi enflammé que l’aspect juridique. Le prêtre Jean-Bertrand Aristide, militant anti-macoute et anti-impérialiste virulent, a laissé dans la mémoire de certains l’image d’un dechoukè incendiaire. Le président Jean Bertrand Aristide, élu deux fois et évincé du pouvoir à deux reprises, incarne tragiquement l’échec de cette interminable transition.

Recommandé par les autorités intérimaires de 2004, le volumineux rapport dressé par Paul Denis et consorts pour inventorier les dérives lavalassiennes est aujourd’hui utilisé par la justice pour arriver au jugement de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, si les gravissimes faits (corruption, blanchiment des avoirs, trafic illicite de stupéfiants et forfaiture) que lui reproche le juge d’instruction Lamarre Bélizaire sont fondés sur des preuves irréfutables. Ce qui est loin d’être le cas ! Toutefois, ce qu’il faut reconnaître et, sans conteste, regretter, c’est l’ambiance passionnelle et houleuse dans laquelle le dispositif juridique de cette affaire est enclenché, suscitant au niveau de la défense et au sein de la classe politique des querelles de procédure et des réactions partisanes. Hier adulé, aujourd’hui persécuté, Jean-Bertrand Aristide, dont le nom est cité aussi dans l’assassinat de Jean Dominique et la faillite frauduleuse des coopératives, est-il au-dessus de la loi ?

La vraie question ne se pose pas de cette manière, même si le ministre de la Justice, Jean Renel Sanon, n’a trouvé aucun autre moyen jusqu’ici, que de conseiller à Jean-Bertrand Aristide de répondre, « s’il veut contribuer au progrès de la justice de son pays », à l’invitation du trépidant et controversé juge instructeur qui a invité le chef de la police, Godson Orélus, à venir s’expliquer sur le retard mis par la PNH à exécuter le mandat d’amener contre l’illustre habitant de Tabarre. Un autre facteur, et non des moindres, joue en faveur de Titid.

A cette ambiance « délétère », marquée par un bras de fer procédural et des suspicions ou arrière-pensées politiques, il faut ajouter les enjeux électoraux. Le choix entre un climat d’apaisement et une bataille rangée est clair en matière électorale. A cet égard, il n’y a pas que des supputations ou des conclusions hâtives. Liée autant au laxisme gouvernemental qu’aux manoeuvres de l’opposition, la crise préélectorale ne peut que s’envenimer à la faveur des conséquences et des ramifications du cas Aristide qui cristallise à lui tout seul le passé et le devenir d’un mouvement politique de masse, le plus spectaculaire après celui de Daniel Fignolé en 1957. Qui a peur de Jean-Bertrand Aristide ? Que représente aujourd’hui son parti politique Fanmi Lavalas sur le plan électoral ?

L’après-Martelly qui se dessine, sous nos yeux, comme un processus difficile est le lieu de vérité où ces questions trouveront des réponses appropriées, certainement, mais dans le cadre de l’organisation d’élections inclusives et crédibles. Rien de stimulant dans cette perspective qui reste en symbiose permanente avec nos luttes intestines, nos travers et nos aveuglements.


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