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La référence dans les Amériques, c’est à Tabarre

mardi 24 mars 2015

Avec l’inauguration, le lundi 23 mars, de l’hôpital « Ludwig Pavilion », spécialisé dans le traitement de la tuberculose multi-résistante, Haïti, grâce aux centres GHESKIO, a marqué un pas de géant dans la lutte contre cette maladie qui, selon les responsables, risque de devenir une urgence nationale si l’on n’y prête pas une attention particulière


Presque en face de l’hôpital Saint-Damien à Chateaublond (Tabarre), non loin de l’ambassade des Etats-Unis en Haïti, les centres GHESKIO accueillent des invités par dizaine ce lundi. Ornée de ses beaux jardins, la propriété ressemble à première vue à un hôtel. Mais on est bien dans un hôpital destiné à soigner des patients atteints de tuberculose multi-résistante ; maladie beaucoup plus compliquée à traiter que la tuberculose simple.

La première dame de la République, Sophia Martelly, la ministre de la Santé publique, le Dr Florence D. Guillaume, des diplomates, des experts étrangers en tuberculose et en maladies infectieuses, des professionnels de la santé…, entre autres, ont rempli une salle de l’institution pour la cérémonie d’inauguration organisée la veille de la Journée mondiale de la lutte contre la tuberculose.

Tout le monde a salué la vision humaniste du Dr Jean William (Bill) Pape et de ses collègues qui ont pensé à mettre en place une institution comme les centres GHESKIO, il y a 33 ans. Les centres GHESKIO sont considérés comme pionniers dans la lutte contre le sida et la tuberculose. Aujourd’hui, avec l’inauguration de « Ludwig Pavilion », les centres GHESKIO sont considérés comme le plus grand centre de traitement du sida et de la tuberculose des Amériques. Car son laboratoire uniquement pour la tuberculose, réalise plus de 60 000 tests par an, alors que le laboratoire de référence de la tuberculose pour l’État de New York effectue à peine 2000 tests par année.

Pour le travail accompli et la lutte acharnée contre les maladies infectieuses, la première dame a ressenti « beaucoup de fierté » de prendre part à la cérémonie. Pour elle, ce nouveau centre « marque un tournant majeur dans la prise en charge des personnes vivant avec le sida dans notre pays. Selon un rapport de l’OMS/OPS, souligne Sophia Martelly, la tuberculose est une cause majeure de la mortalité chez les personnes vivant avec le VIH. Et de plus en plus, la tuberculose constitue un défi majeur pour les populations vulnérables. »

« Pionniers incontestables dans le domaine des soins et dans la recherche épidémiologique, les centres GHESKIO comptent aussi parmi les plus grands centres de traitement des maladies opportunistes liées au sida dans le monde », a poursuivi la première dame de la République, estimant que les centres GHESKIO sont un modèle à reproduire.

« Les centres GHESKIO constituent sans aucun doute un patrimoine de grande valeur pour notre pays, a soutenu Sophia Martelly. Cette œuvre grandiose et humaniste n’existerait pas sans la vision du sens du devoir d’un groupe de professionnels haïtiens (…). L’un des plus grands héritages que nous pouvons léguer aux générations futures c’est l’éradication des maladies qui peuvent être prévenues. »

GHESKIO, une fierté haïtienne

La ministre de la Santé s’est, elle aussi, courbée devant le travail des centres GHESKIO. « C’est toujours un plaisir de me retrouver aux côtés des centres GHESKIO, d’autant plus qu’il s’agit de saluer une nouvelle initiative gardant cette organisation au sommet de l’excellence dans la prise en charge des maladies infectieuses », a déclaré le Dr Florence Duperval Guillaume, qui considère GHESKIO comme « une fierté haïtienne en tant qu’institution de service public. »

L’un des plus beaux souhaits de la ministre est de voir le pays doté « d’autres petits centres GHESKIO en Haïti, comme par exemple un par département ». Elle aimerait également que les centres GHESKIO développent un modèle de traitement de la tuberculose multi-résistante pour Haïti. Il deviendrait le modèle de traitement national.

« Cette multi-résistance risque de devenir une urgence nationale si nous n’y prêtons pas une attention sérieuse, craint la ministre de la Santé publique et de la Population. Nous ne devons pas faire semblant d’en douter, la tuberculose multi-résistante est à nos portes et notre environnement quotidien constituant un excellent milieu de culture ne changera pas demain. »

Les partenaires pour la réalisation du projet, qui ont voyagé en Haïti uniquement pour la cérémonie du jour, ont noté des efforts significatifs et salué le leadership des centres GHESKIO dans leur travail. Qu’il s’agisse du Dr Jorge Hadad, représentant de l’Organisation Panaméricaine de la santé (OPS/OMS) en Haïti, Warren D. Johnson de « Weill Cornell Medical College » ou encore Edward Ludwig, ancien directeur exécutif de Becton Disckenson (BD). ). « Nous pensons que l’accès à la santé est un droit humain, a avancé ce dernier. Je suis très heureux d’avoir contribué à la réalisation de ce projet. Pourquoi avoir choisi ce projet ? C’est à cause du leadership de ceux qui l’ont porté. »

D’une capacité de 35 lits et de 32 chambres individuelles, l’hôpital, se félicite le Dr Pape, est doté d’un laboratoire « ultra moderne de niveau de sécurité P3 qui dispose de tous les tests en usage dans les meilleurs laboratoires du monde ». Soignés jusque-là sous des tentes ainsi que d’autres qui seront diagnostiqués à travers le pays, les patients seront admis à l’hôpital Ludwig Pavilion dans un mois, le temps de tout arranger et planifier. Avec une ventilation constante et une excellente pénétration du soleil et de la lumière (deux facteurs importants pour empêcher la transmission de la tuberculose), l’hôpital a tout pour assumer son statut de référence dans la région.

AUTEUR

Valéry Daudier

vdaudier@lenouvelliste.com


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