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L’Europe spatiale lance Ariane 6

mardi 2 décembre 2014

Le Point - Publié

Les ministres chargés de l’Espace ont validé le projet de lanceur lourd, destiné à maintenir dès 2020 la compétitivité d’Arianespace face au secteur privé.

Par Guerric Poncet
Les ministres chargés de l’Espace des 20 pays membres de l’Agence spatiale européenne (Esa) ont donné, mardi à Luxembourg, leur feu vert à la poursuite du développement d’Ariane 6, avec un accord qualifié d’"historique" par la France. La fusée est destinée à maintenir dès 2020 la compétitivité d’Arianespace face au secteur privé, de plus en plus présent sur le marché du lancement de satellites. Elle remplacera le lanceur lourd actuel Ariane 5, mais les deux autres lanceurs Soyouz (moyen) et Vega (léger) resteront en service au centre spatial européen de Kourou. "Grâce à cette proposition, l’Europe disposera en 2020 d’une Ariane compétitive et modulaire", avait déclaré la secrétaire d’État française à la Recherche, Geneviève Fioraso, à l’ouverture de la réunion.

"Basé sur des limites budgétaires réalistes", le projet répond à "la menace pressante de la percée spectaculaire de nouveaux acteurs qui fragilisent notre autonomie dans le domaine", avait-elle poursuivi. La nouvelle fusée s’appuie sur des composants déjà éprouvés avec Ariane 5 et Vega, notamment, afin de réduire les coûts et le risque technologique. Les propulseurs à poudre de la "petite" fusée Vega seront adaptés pour proposer deux versions d’Ariane 6 (à deux ou à quatre boosters), l’étage central sera dérivé d’Ariane 5 et le moteur réallumable de l’étage supérieur sera celui qui était initialement prévu pour la version modernisée "ME" d’Ariane 5, qui ne verra finalement pas le jour.

L’Allemagne renforce sa participation

L’arrivée d’un nouveau lanceur est toujours un moment critique, et même Ariane 5 avait connu quelques échecs avant d’enchaîner les succès. Cette dernière a réussi 62 lancements d’affilée, mais devient trop chère. Les lanceurs privés se multiplient et cela ne va pas s’arranger avec le temps : l’américain SpaceX devrait proposer dès 2015 un lanceur lourd Falcon Heavy pour compléter sa fusée Falcon 9, qui ne peut embarquer que de petits satellites, et ses prix sont très agressifs.

À quelques heures de la décision, Geneviève Fioraso s’était déclarée "confiante dans l’esprit européen". Elle avait bataillé ferme ces derniers mois, auprès de son homologue allemande Brigitte Zypries, pour rallier son pays à la cause d’Ariane 6. "Nous sommes convaincus que c’est un bon projet", avait déclaré jeudi à Paris le ministre allemand de l’Économie, Sigmar Gabriel. Il avait annoncé que l’Allemagne allait augmenter de 60 millions d’euros sa contribution annuelle au financement du lanceur, qui passerait ainsi de 115 à 175 millions d’euros par an. Les deux pays assurent à eux deux la moitié du financement du programme de lanceurs européens, la France "prenant la part la plus importante", avait souligné Geneviève Fioraso.


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