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« L’artisanat m’a tout donné ! », clame Harry Sylvaince

mercredi 22 octobre 2014

Cette année, les organisateurs d’Artisanat en fête présentent la huitième édition de cette grande manifestation de l’art haïtien. Harry Sylvaince, artisan qui travaille le papier mâché, est un vrai habitué de la foire et est déjà excité à l’idée d’y participer les 25 et 26 octobre. Depuis huit ans, c’est au Parc historique de la Canne à Sucre que ses œuvres se vendent le plus.

Dans le Sud-Est d’Haïti, la ville de Jacmel est connue pour ses artistes, son carnaval animé et ses masques en papier mâché géants. Harry Sylvaince est de ceux qui font perdurer cette tradition colorée. Chaque année, il donne un coup de main à la création des pièces qui feront partie du défilé. Il en profite aussi pour fabriquer des petites pièces afin de les vendre aux touristes qui sont sur place pour l’occasion. Depuis qu’il s’est pleinement lancé dans ce domaine en 1998, Harry n’a plus jamais déposé ses pinceaux. « L’artisanat m’a tout donné : mon terrain, ma maison, mes économies, tout… » De formations, il n’en a jamais suivi. Pas par manque d’intérêt, plutôt faute de moyens et de temps. Mais il ne dira pas non à quelqu’un qui lui en offrirait une. « Ça aurait amélioré mon travail », avoue l’artisan au sourire timide.

Grâce à ABN (Artisan Business Network), un réseau qui aide les artisans à vendre et promouvoir leurs produits, sa clientèle est plus sélecte et son travail plus méticuleux. Par exemple, ses pièces se vendent dans la chaîne américaine de magasins Macy’s. Harry n’a pourtant pas la grosse tête. Souriant, enclin à la parole, il sait qu’un ouvrage bien fini est un plus dans ce milieu. « Je n’aime pas un travail bâclé. Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage. Je n’ai pas non plus peur de me consacrer à la tâche. Je suis redevable envers mon art. » Avant d’être un don, l’artisanat est pour Harry un business. Un vrai moyen de vivre. « J’ai appris à me perfectionner. Avec les années et la persévérance, mes produits ont acquis une touche personnelle. Je n’ai pas vraiment un membre de ma famille qui m’a légué cette passion. Mais ici, si on pratique cet art comme il faut, on n’a pas besoin davantage. »

Célibataire, l’artisan dirige un atelier de sept employés. En plus des différents dessins de fleurs ou de diverses formes multicolores qui embellissent ses pots en papier mâché, Harry utilise des feuilles de tabac et de banane pour achever ses pièces. Pots, sous-plats, bols, animaux en miniature, cabarets, sous-verres, entre autres, s’étalent sur les étagères de la pièce qui lui sert de magasin, de vitrine et d’atelier. « Certains articles sont des commandes spéciales passées par ABN », explique l’artisan, qui me voit toucher un beau plateau. « Vous pouvez m’envoyer des motifs et je les dessine sur ce que vous voulez. J’y ajouterai quand même ma touche pour que ce ne soit pas une copie conforme. Ma clientèle est toujours satisfaite, et je dois remercier Dieu pour ce cadeau. »

Son stock de produits pour Artisanat en fête est déjà empilé et prêt à être transporté à Port-au-Prince. « J’écoule toujours tout ce que j’apporte à la foire. C’est un rendez-vous que je ne manquerai pour rien au monde. C’est l’un de mes meilleurs moyens de vente. J’espère que beaucoup de visiteurs feront le déplacement pour acheter les produits locaux. Être artisan demande beaucoup de courage et de dévouement. Surtout que notre artisanat est ce qu’il nous reste de plus précieux. Vous trouverez des pièces à partir de 100 gourdes. Quand un artisan vend une œuvre, c’est une grande fierté pour lui ; mais quand cette œuvre a la possibilité de traverser les frontières, elle devient une fierté nationale. »

Habitant de Jacmel et amoureux fou de sa ville natale, Harry Sylvaince rêve d’y finir ses jours, en léguant son atelier au fils qu’il aura certainement un jour afin de perdurer son œuvre.

Gaëlle C. Alexis


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