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L’année académique 2014-2015 marquera-t-elle un tournant ?

lundi 8 septembre 2014

Le 8 septembre 2014 est la date de la rentrée des classes. Beaucoup d’élèves reprendront le chemin de l’école. Certains resteront chez eux. Pas par manque d’envie de retrouver leurs camarades après les vacances d’été pour papoter, partager des expériences extrascolaires et d’acquérir de nouvelles connaissances pour l’avenir.

Non. Ces élèves resteront entre les quatre murs de la maison parce que leurs parents peinent à joindre les deux bouts. Même si ce pays détient le plus fort taux de râleurs, de spécialistes de la pleurnicherie au kilomètre carré de toute la Caraïbe, c’est connu aussi que la paupérisation de la population s’est accélérée. Le séisme du 12 janvier 2010 n’a fait qu’empirer la situation déjà précaire de trop nombreux ménages.

Face à tant de besoins, l’accompagnement de l’Etat à la rentrée scolaire, très utile, ne fait finalement pas le poids. L’idéal, dans le meilleur des mondes, serait que plus de pères et de mères aient des emplois ou une activité génératrice de revenu afin d’assurer une meilleure prise en charge de la rentrée des classes. Ce poste, dans le budget des ménages, pèse lourd. Les menues dépenses quotidiennes en nourriture, transport ôtent parfois le sommeil. Pour leurs enfants, les parents sont pourtant prêts à faire d’impensables sacrifices.

Parce que neuf mois durant les parents versent sang et sueurs pour leurs enfants ; parce que les résultats catastrophiques des derniers examens du bacc ont mis à nu le système éducatif, et que l’inertie condamne le pays à s’enliser dans le sous-développement avec une école inadaptée aux exigences internationals ; en vue d’être compétitive dans l’économie mondiale globalisée, la rupture s’impose d’elle-même. L’année académique 2014-2015, au regard de tout cela, marquera-t-elle un tournant ?

Volontariste, Nesmy Manigat, loin d’être un ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle cantonné à ses attributions de comptable-payeur, au nom de l’Etat, prend le pari de la rupture avec le support politique de Michel Joseph Martelly en proposant des mesures pour renforcer la gouvernance du système. Quelques-unes des 12 mesures proposées pour un virage vers la qualité trouvent un écho favorable auprès de certains éducateurs de renom. Des syndicalistes, publiquement, ont convenu de la nécessité d’agir.

Personne ne sait pour le moment si ce semblant de consensus est le fruit ou non d’une véritable appropriation de ces mesures de la part de tous les acteurs. L’appropriation, ici où les meilleurs plans, les meilleures réformes se retrouvent dans des tiroirs miteux, est indispensable. Elle permet de présager de la continuité dans la mise en place de ces 12 mesures susceptibles d’être peaufinées.

Cela dit, personne ne prétend à une amélioration rapide de la situation. Il n’y a pas de baguette magique pour résoudre le problème de la "mal formation" massive. C’est avec le courage chevillé au corps qu’il faudra avancer vers la rupture en se souvenant que les mauvaises pratiques ont la vie dure. Que le désordre organisé a des bénéficiaires. A ce stade, on devra se rappeler cette parole pleine de sagesse "Le premier pas est le plus important dans le plus long voyage à effectuer". Une pierre à la fois dans l’entreprise du renouveau de l’école haitienne, de l’âme haïtienne. Il reste aussi à savoir si la presse, à défaut des organisations de la société qui ont raté la cause de l’éducation de qualité à défendre, gardera ses projecteurs sur l’école haïtienne qui devra se réinventer en vue de répondre aux standards internationaux. Pour nos petits cerveaux en formatage, on ne peut que souhaiter le meilleur pour cette année académique. Peut-être qu’elle sera l’année du tournant, du virage vers la qualité…


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