MosaikHub Magazine

Jean Philippe Prosper, l’ingénieux financier

samedi 25 avril 2015

La carrière de Jean Philippe Prosper paraît bien particulière aux yeux d’une assistance assez enthousiaste. A 23 ans, en 1980, Philippe est déjà ingénieur civil, de la Faculté des sciences de l’Université d’Etat d’Haïti ; simultanément, il obtient une licence en mathématiques de la même faculté, comme un très petit nombre avant lui tels que Roland Pierre, Frantz Verella, Franck Helmcke, sans oublier Jacky Lumarque. « Ingénieur et licencié en maths à 23 ans est une performance remarquable dans un pays où le système éducatif abonde en écoliers et étudiants surâgés », a expliqué le recteur de l’Univesité Quisqueya qui avait la charge de présenter l’homme qui est aujourd’hui à la vice-présidence de la Société financière internationale (SFI/IFC).

Dans un silence de cimetière après les applaudissements nourris des invités au Karibe, mardi 21 avril, M. Lumarque apprend au public des choses assez singulières au sujet de Jean Philippe Prosper, une des vedettes de la soirée : « Même avant d’être diplômé, comme cela arrive pour les meilleurs de leur promotion, il est déjà en 4e année, responsable de travaux dirigés en Algèbre et en Analyse numérique. »

Voici donc un point de départ qui semble destiner notre ami à devenir un professionnel du génie civil. Ce que semble confirmer le stage qu’il réalise en 1979 pendant trois mois à la Banque interaméricaine de développement (BID) au département de génie civil et administration. Il ne faut pas s’étonner de le retrouver, sitôt diplômé, au ministère des Travaux publics, comme ingénieur d’études au projet de drainage de Port-au-Prince ; pour trois mois, de juillet à septembre 1980.

Demandez à M. Prosper ce qui l’a amené à la SFI, il vous répondera avec modestie : par curiosité et par une envie sans borne de travailler en Afrique. S’éloignant un peu des théories et calculs de génie civil, un saut radical amène M. Prosper à la prestigieuse Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC) où il obtient son MBA de Finance-Economie en 1982.

Par la suite, on retrouve Jean Philippe Prosper comme conseiller économique et financier du ministre d’Etat Frantz Merceron, au ministère de l’Economie et des Finances, d’août 1982 à décembre 1985. Ce qui ne l’empêche pas dans l’intervalle d’assurer un enseignement à la Faculté des sciences de l’Université d’Etat d’Haïti comme professeur de gestion financière ou à l’INAGHEI comme professeur de finances et de statistiques.

Flairant peut-être les troubles socio-économiques et politiques, il abandonne une carrière ascendante, renonce à un poste prestigieux et se tourne vers Washington DC où il obtient en 1990 un poste d’officier de projet à la Inter-American Investment Corporation. Lorsqu’il quitte la IIC en 2000 pour intégrer la IFC (de la Banque mondiale) comme Officier d’investissement en chef pour les marchés financiers avec une couverture sur l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest, il était déjà responsable de toutes les opérations financières de la société pour le Mexique, les pays andins, l’Amérique centrale, le Belize et le Panama.

A sa manière, Jacky Lumarque a trouvé les mots pour mettre en garde les organisateurs de la soirée contre l’épuisement de notre stock de réserves de compétences. La société est en train de perdre la capacité de se reproduire sans perte de standard. Standard au plan des compétences et des valeurs morales. Jean Phillipe Prosper est trop modeste pour s’offrir en modèle pour la jeunesse. En réalité, c’est ce qu’a fait le Group Croissance et la BRH en braquant les projecteurs sur lui.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie