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Israël aurait espionné John Kerry

mardi 5 août 2014

- Durant ses tentatives de négocier la paix l’année dernière au Proche-Orient, certaines discussions du secrétaire d’État américain auraient été interceptées par les services de renseignements israéliens.

Les services de renseignements allemands ont dû sourire en lisant l’information. Après avoir laissé la NSA surveiller les conversations téléphoniques du monde entier, et notamment celles de la chancelière Angela Merkel, c’est le gouvernement américain qui aurait été écouté au plus haut niveau. Durant ses tentatives de négocier la paix l’année dernière au Proche-Orient, certaines discussions du secrétaire d’État John Kerry auraient été interceptées par les services de renseignements israéliens.

L’histoire est révélée par l’hebdomadaire Der Spiegel , dans un long portrait consacré à John Kerry. Elle n’a été commentée ni du côté américain ni du côté israélien. Si le secrétaire d’État utilisait généralement un téléphone sécurisé pour joindre ses interlocuteurs israéliens ou palestiniens, il lui arrivait « d’utiliser un téléphone normal » lorsqu’il se trouvait en déplacement, raconte le journal allemand. « Une grande partie de ces conversations, qui transitaient par satellite, ont été écoutées par au moins deux services de renseignements, dont ceux d’Israël », poursuit Der Spiegel, sans préciser l’identité du deuxième. « Vraisemblablement les Russes et les Chinois ont aussi pu les écouter », ajoute le magazine. Selon Der Spiegel, John Kerry a ignoré les recommandations de sécurité de son entourage dans l’espoir de pouvoir agir plus vite pour la paix.
Double jeu

C’est une entaille dans la confiance que peuvent se porter les Américains et les Israéliens, ces derniers ayant pu ainsi jouer un double jeu : au courant des négociations américano-palestiniennes, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a pu utiliser ces informations pour ajuster ses propres revendications.

Après s’être démené pendant plusieurs mois, John Kerry était parvenu à ramener à la table des négociations le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, en juillet 2013. Mais en avril 2014, Israël avait annoncé la création de 700 nouvelles colonies en refusant la libération de prisonniers palestiniens. Mahmoud Abbas avait proposé la candidature de la Palestine à plusieurs organisations internationales. Les négociations de paix avaient alors définitivement échoué.

En Israël, le secrétaire d’État américain fait l’objet de violentes critiques depuis plusieurs mois. John Kerry est accusé « d’incompétence » ou de soutenir le Hamas. Ces accusations sont « blessantes et absurdes », a réagi la semaine dernière l’Administration américaine. Les États-Unis ont apporté à Israël « un soutien d’une ampleur très franchement sans précédent », a commenté une porte-parole. Il y a quelques jours, John Kerry avait lui aussi relativisé ces attaques : « Je ne m’inquiète pas de ça », avait-il expliqué. « Il ne s’agit pas de ma personne, il s’agit d’Israël et de son droit à se défendre. » Après les révélations du Spiegel, il va sans doute devoir revoir son appréciation.


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