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Hollande au « Nouvel Observateur » : « Je sais d’où je viens »

jeudi 11 septembre 2014

Il s’est finalement résolu à répliquer. Alors qu’il s’y était toujours refusé, François Hollande, crise oblige, a donc pris le parti de répondre à la tentative d’assassinat politique à laquelle s’est livrée son ancienne compagne. Et de déroger à la règle d’airain qu’il avait édictée, selon laquelle « les affaires privées se règlent en privé » et nulle part ailleurs. Pour la première fois de sa carrière politique, le chef de l’Etat a donc délibérément abordé le sujet, évoquant ses sentiments personnels et son histoire avec son biographe Serge Raffy, journaliste au Nouvel Observateur.

C’est bien que l’heure a été jugée suffisamment grave pour justifier telle exception à la règle hollandaise. Et c’est précisément la charge la plus meurtrière du livre de Valérie Trierweiler, celle portant sur les « sans-dents », que le chef de l’Etat entend contrer : « Cette attaque sur les pauvres, les plus démunis, je l’ai vécue comme un coup porté à ma vie tout entière. (…) Dans toutes mes fonctions, dans tous mes mandats, je n’ai pensé qu’à aider, qu’à représenter ceux qui souffrent. Je n’ai jamais été du côté des puissants, même si je ne suis pas leur ennemi, mais je sais d’où je viens. »

Une fois n’est pas coutume, le président a même fait référence à son histoire familiale, jusqu’ici soigneusement tenue à l’écart du discours présidentiel, pour contester les accusations de l’ex-première dame. « Vous croyez que j’ai oublié d’où je viens ? Mon grand-père maternel, petit tailleur d’origine savoyarde, vivait avec sa famille dans un modeste deux-pièces à Paris. Mon grand-père paternel, lui, était instituteur, issu d’une famille de paysans pauvres du nord de la France. Et vous croyez que je pourrais mépriser le milieu d’où je tiens mes racines, ma raison de vivre ? »

EXCEPTION

Aux yeux du président de la République, qui ne s’étend pas sur la relation que fait Mme Trierweiler de l’histoire et des détails de leur couple, il était surtout vital de démentir ce point : « Oui, j’ai rencontré des gens dans les pires difficultés, usés par la vie. Ils avaient du mal à soigner leurs dents. C’est le signe de la pire misère. Ces gens, je les ai côtoyés, aidés, soutenus. »

Cette exception à la règle hollandaise, selon son entourage, s’explique à la fois par la nécessité politique et par la blessure personnelle. « Lui qui toute sa vie a cherché à mettre de côté sa vie privée, protéger sa compagne, vit un des moments les plus difficiles du quinquennat. Il a été très ému », explique un conseiller.

Il aura donc fallu attendre que le chef de l’Etat soit soumis à une pression maximale pour qu’il entreprenne de fendre, enfin, l’armure. Ce qu’un conseiller salue comme une « capacité de rebond psychologique ». « Même dans la situation dans laquelle il est, il fera tout pour se redresser », confirme son ami Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture et porte-parole du gouvernement.

Le 5 septembre, en marge d’un sommet de l’OTAN à Newport (Royaume-Uni), le chef de l’Etat avait déjà commencé à donner la réplique à son ex-compagne : « Je n’accepterai jamais que puisse être mis en cause ce qui est l’engagement de toute ma vie. »

S’il y avait quelque incongruité à le faire depuis un sommet où venait d’être évoquée la situation en Irak et en Ukraine, l’émotion visible du chef de l’état, moment rarissime, n’avait échappé à personne. « La tonalité, la gravité, l’expression, le fait qu’il était touché… quelque chose s’est passé à l’OTAN », note un de ses vieux amis politiques. Comme si le président se voyait condamné à ouvrir les vannes de son intimité.


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