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Haïti et la République dominicaine font la paix

jeudi 12 mars 2015

Le Nouvelliste | Publié le : 11 mars 2015

Après environ un mois de chicanes, d’agressions récurrentes des deux côtés, les deux pays ont accepté de se parler. Réouverture des consulats dominicains en Haïti la semaine prochaine, reprise du dialogue entre les deux gouvernements dès vendredi sont, entre autres, quelques annonces faites après une importante rencontre tenue entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays mardi au Guatemala.

C’est le premier signe de rapprochement entre les deux pays depuis février. La rencontre entre les deux chanceliers semble faire revenir le calme sur l’île après les tensions des dernières semaines. La première retombée de cette rencontre est l’annonce de la réouverture des consulats dominicains en Haïti d’ici la semaine prochaine, selon l’annonce faite par le chancelier dominicain, Andrés Navarro.

Après avoir reçu des garanties de sécurité de la part de l’administration Martelly, le ministre dominicain des Affaires étrangères a déclaré à la presse que son pays est disposé à rouvrir ses cinq consulats en Haïti d’ici la semaine prochaine. La déclaration du chancelier dominicain intervient après une importante rencontre avec son homologue haïtien, Duly Brutus. Les deux hommes sont actuellement au Guatemala où ils participent à la 20e réunion ordinaire du conseil des ministres de l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC). Il se sont rencontrés en marge de cette session.

Le ministre Brutus a une fois de plus donné la garantie que le gouvernement haïtien va sécuriser le personnel diplomatique dominicain ainsi que les locaux des consulats et de l’ambassade. Ce qui a été la principale revendication des autorités dominicaines pour reprendre les services consulaires en Haïti.

Dans une récente déclaration à la presse dominicaine, le chancelier Navarro a affirmé que son pays avait fermé ses consulats en Haïti et rappelé le personnel de l’ambassade de manière préventive. Le gouvernement dominicain avait affirmé avoir pris ces décisions jusqu’à ce que le gouvernement haïtien fournisse des « garanties quant à la sécurité physique de nos personnels et de nos missions, en accord avec la convention de Vienne ». Selon les informations rapportées par plusieurs journaux dominicains, la rencontre entre les deux chanceliers s’est déroulée essentiellement sur les dernières semaines de chicanes entre les deux pays.

« C’était une réunion bilatérale au cours de laquelle nous avons abordé des sujets liés aux relations harmonieuses entre les deux nations, a déclaré le ministre dominicain Andrés Navarro, cité par le quotidien Listin Diario. La réunion avec le ministre Duly Brutus a permis de faire la lumière sur les incidents intervenus dans les installations diplomatiques de la République dominicaine en Haïti, a poursuivi le chancelier dominicain ».

Les avancées sont significatives après ces pourparlers entamés à l’initiative du chancelier Duly Brutus. La décision des deux pays de revenir sur la table de dialogue en remobilisant la commission mixte bilatérale est tout aussi importante que la reprise des services consulaires. En effet, dans le cadre du dialogue bilatéral, une rencontre est prévue le vendredi 13 mars dans la ville frontalière de Jimani.

Dans cette rencontre à laquelle le chef de la MINUSTAH est également invité, les deux pays discuteront surtout des dispositifs de sécurité à mettre en place au niveau des consulats et de l’ambassade dominicaine. Le processus de dialogue ouvert à l’initiative du Venezuela après l’arrêt 168-13 était suspendu sans grands résultats. Le dialogue avait plutôt cassé l’élan de solidarité de la communauté internationale en faveur des milliers de personnes rendues apatrides par la décision de la Cour constitutionnelle dominicaine. Les autorités ont priorisé d’autres types de sujets au lieu de se pencher sur le sort de milliers de victimes de l’arrêt 168-13.

Depuis, les autorités dominicaines ont surtout durci le ton face aux immigrants haïtiens. Pas moins de 40 mille ressortissants haïtiens ont été déportés durant les 70 derniers jours, selon les informations fournies par le commandant général de l’armée dominicaine, José Eugenio Matos de la Cruz. De ces 40 mille personnes, on compte des illégaux, mais également des Dominicains et des migrants en règle avec l’immigration dominicaine. Une situation que des institutions internationales dénoncent quotidiennement.

La tension était au plus haut niveau entre les deux nations de l’île d’Haïti depuis le mois de février. En effet, l’assassinat suivi de la pendaison d’un ressortissant haïtien à Santiago avait suscité une vive colère au sein de la communauté haïtienne. Des actes de représailles ont été enregistés des deux côtés de l’île pendant les jours qui ont suivi. Le consulat général de la République dominicaine à Pétion-Ville a même été pris pour cible par des activistes haïtiens. Ce qui a poussé les autorités dominicaines à fermer leurscinq consulats en Haïti.

AUTEUR

Louis-Joseph Olivier

ljolivier@lenouvelliste.com


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