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Haïti au Conseil exécutif de l’Unesco, Manigat y croit

mercredi 11 novembre 2015

Quelques heures avant le vote pour savoir si Haïti accédera ou non au Conseil exécutif de l’Unesco, le ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle, qui a mené une campagne intensive de charme auprès des votants, affiche un relatif optimisme. De retour au pays ce mercredi après plus d’une semaine, Nesmy Manigat revient avec le sentiment d’avoir assez vendu l’agenda éducatif haïtien sur la scène internationale, que ce soit à Doha ou à Paris

La 38e session de la Conférence générale de l’Unesco se poursuit au siège de l’institution à Paris. La candidature d’Haïti et d’autres prétendants au Conseil exécutif sera mis au vote. Le ministre de l’Education nationale, qui ne pourra pas assister à l’événement, mais qui a mandaté l’ambassadeur d’Haiti en France, et également déléguée permanente auprès de l’Unesco, Vanessa Matignon, pour porter son vote, se veut optimiste. Selon un membre de la délégation haïtienne, quatre des sièges sont à pourvoir dans le groupe III, correspondant à la sous-région de l’Amérique latine avec le Brésil, le Mexique, le Nicaragua et le Paraguay, plus un siège pour la Caraïbe avec le Belize et Haïti. Selon un accord entre les gouvernements du Belize et d’Haïti, sous les auspices de la Caricom en 2013, il a été convenu que le mandat soit partagé. Après deux ans au sein du Conseil exécutif de l’Unesco, le Belize, souligne notre source, devrait céder sa place à Haïti cette année. Nesmy Manigat est convaincu d’avoir fait assez de plaidoyer auprès de beaucoup de ministres ou d’autres acteurs de l’éducation pour obtenir leur vote au profit d’Haïti. A moins d’un retournement de situation à la dernière minute des pays de la Caricom. « C’est presque six mois de lobby, qui a commencé àbe ave la conférence des ministres de l’Éducation des Amériques au Panama, suivi d’Incheon, de Dakar, de Qatar et aujourd’hui Paris », a indiqué Nesmy Manigat, interviewé à l’ambassade d’Haïti à Paris, au terme de sa mission. Le ministre de l’Education nationale ne digère pas le fait qu’Haïti soit absente des grandes instances de décisions internationales. Dans l’imposant immeuble de l’Unesco pour ce grand événement international entre autres, Nesmy Manigat est un peu jaloux de la vague asiatique, africaine, latino-américaine ou encore européenne, qui défile dans tous les couloirs et/ou encore dans tous les lieux de prise de grandes décisions internationales. « Haïti, par rapport à son passé, par rapport à ce qu’elle symbolise en termes de lutte et de libération dans les Amériques, mérite un meilleur positionnement au niveau international, soutient le ministre. En plus, Haïti a des cadres à placer au niveau de ces instances-là. » Entre les lignes, le ministre de l’Education explique cet « isolement » d’Haïti par un manque d’agressivité des responsables. « Aujourd’hui, la diplomatie internationale demande qu’on ne soit pas seulement proactif, mais agressif », estime le ministre, qui croit qu’« il y a beaucoup de places vides pour Haïti et aussi beaucoup de places à aller chercher. » « II y a beaucoup de compétitions qui sont ouvertes. Très souvent, on ne prend pas le temps de faire le suivi et de proposer nos cadres », poursuit Nesmy Manigat, satisfait de sa participation à cette 38 e Conférence générale de l’Unesco, et aussi au 7 e Sommet mondial sur l’innovation dans l’éducation, qui s’est tenue à Doha, au Qatar, du 3 ou 5 novembre. « Cette 38 e conférence de l’Unesco est l’occasion pour Haïti de présenter son agenda éducatif, particulièrement les réformes éducatives en cours à plusieurs acteurs du système éducatif international, se félicite le ministre. Briguer un poste au Conseil exécutif de l’Unesco nous permettra d’avoir une visibilité internationale pour continuer non seulement à promouvoir notre agenda et avoir aussi notre place au niveau du système éducatif international. » Des missions attendues en Haïti Pendant son séjour à Paris, le ministre de l’Education nationale indique avoir rencontré une dizaine de délégations internationales avec lesquelles il a partagé son agenda éducatif pour Haïti, les réformes engagées dans le système, entre autres. « On a beaucoup parlé de science et de coopération scientifique parce qu’on a beaucoup de déficience dans l’enseignement de beaucoup de disciplines, dont les sciences naturelles, les mathématiques, a confié M. Manigat. C’était l’occasion de voir au niveau de la formation des maîtres, au niveau des laboratoires ce qu’on peut avoir comme renforcement du système éducatif en Haïti. » En milieu de journée du mardi 10 novembre, Nesmy Manigat a rencontré des membres de l’Agence française de développement (AFD), à l’ambassade d’Haïti. Les discussions se sont portées sur le suivi de la déclaration conjointe du président Michel Martelly et son homologue français François Hollande lors de la visite de ce dernier en Haïti. « Nous avons travaillé avec l’AFD pour préparer les différents ateliers qu’on aura à la fin de ce mois et en décembre prochain sur la formation professionnelle, la formation des maîtres, la réforme du curriculum, l’agenda numérique, a précisé le ministre de l’Education nationale. Je pense qu’avec l’ensemble des autres partenaires, nous avons eu à peu près les mêmes schémas sur ces axes majeurs. » Selon Nesmy Manigat, des missions sont attendues en Haïti. « Et nous avons des invitations à participer à d’autres conférences internationales, un peu partout, en Amérique latine et en Europe sur ces différents sujets », souligne le ministre, qui ne jure que par le « repositionnement d’Haïti sur la carte des grands décideurs au niveau du système éducatif international. » Avant le vote, une des principales satisfactions est de voir au cours de cette 38 e session de l’Unesco que « beaucoup de partenaires ont dépassé l’image d’Haïti de 2010 : l’urgence. Les gens voient de plus en plus au niveau du pays une trajectoire qui est en train d’être tracée pour s’inscrire dans le développement durable. » Au-delà de l’urgence du tremblement de terre, l’éducation, bien plus qu’une priorité, reste l’urgence pour Haïti. Avec un secteur privé qui occupe environ 80% du parc scolaire et un système éducatif décrié, la route est longue. Très longue.
- Valéry Daudier vdaudier@lenouvelliste.com


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