MosaikHub Magazine

« Haïti a besoin d’un gouvernement efficace, qui a le sens de l’urgence », selon l’ambassadeur britannique Steven Fischer

mardi 27 octobre 2015

En fin de mission, l’ambassadeur britannique en Haïti, Steven Fisher, a accordé un entretien exclusif au journal. Le diplomate revient notamment sur la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, qui, aujourd’hui, ont le vent en poupe, les opportunités d’affaires, la relation entre Haïti et la République dominicaine, etc

L’ambassadeur Steven Fischer arrive au terme de sa mission de 5 ans et 10 mois sur l’île d’Hispaniola. En poste depuis juin 2011, le diplomate indique avoir joué pieds et mains pour la reprise des relations diplomatiques entre les deux Etats, interrompues en 1966. Aujourd’hui, il dit partir avec un sentiment de satisfaction. « L’ambassade a rouvert ses portes en 2013, quand le pays a également reçu la visite d’un ministre britannique. De plus, il y a une mission d’Haïti à Londres », indique le diplomate, rappelant également les démarches du Premier ministre (à l’époque) Laurent S. Lamothe qui a rencontré le prince Charles en 2012. Steven Fischer, qui a visité le pays un mois avant et un jour après le séisme, se rappelle l’engagement de la Grande-Bretagne aux côtés d’Haïti à la suite du cataclysme. « On a cherché les victimes britanniques et facilité l’arrivée de l’aide dans le pays. Les Britanniques ont fait un effort important et le peuple a été solidaire et cela a été la plus grande expression de solidarité dans l’histoire du pays envers un pays étranger. La situation haïtienne a touché le cœur des Britanniques », se souvient-il, indiquant qu’il ne peut pas oublier cette expérience. Le diplomate a également évoqué les relations commerciales entre les deux pays. Côté britannique, il parle des modèles de réussite et croit qu’il en faudra plus. « Les Britanniques exportent vers Haïti des voitures Land Rover, la bière irlandaise Guinness. L’hôtel Marriott a été construit par une firme britannique », énumère-t-il, indiquant plus loin qu’un groupe d’hommes d’affaires projette de visiter le pays. Il y a des entreprises britanniques qui s’intéressent au marché haïtien. Celui-ci n’étant pas un marché traditionnel pour les Britanniques, le diplomate pense qu’il faut continuer à améliorer le climat politique, ce qui sera propice aux affaires. « On se réjouit de la tenue des élections attendues depuis longtemps. On espère que cela permettra, dès l’année prochaine, de changer les choses », a-t-il fait savoir, informant par ailleurs de la tenue d’une rencontre la semaine dernière entre le nouvel ambassadeur et des entreprises anglaises. En ce qui a trait à l’organisation des élections pour le renouvellement du personnel politique, le diplomate espère une plus large participation de la population. « Cette année, on espère que la légitimité sera plus forte et que les résultats seront acceptés. Nous sommes optimistes et on espère que la formation du nouveau gouvernement se fera très vite. On attend aussi le nouveau Parlement. On espère que l’on ne perdra plus de temps dans les débats interminables pour des raisons politiques », a-t-il dit, ajoutant que le pays a besoin d’une gouvernance efficace et qui a le sens de l’urgence. « Depuis le séisme, on perd du temps et des opportunités », argue-t-il. Plus loin, Steven Fischer dit espérer que les institutions haïtiennes vont continuer à se renforcer et sortir du schéma de la MINUSTAH. « L’État haïtien doit être en mesure de gérer ses élections ». Alors qu’Haïti et la République dominicaine sont à couteaux tirés depuis quelque temps, le représentant du Royaume-Uni préconise la voie du dialogue. « La réunion entre les deux chefs d’État (la semaine écoulée) est un signe positif. Nous souhaitons que le dialogue et les pourparlers se poursuivent, notamment sur les domaines comme la migration, le transport, le commerce, etc. », a-t-il souhaité, rappelant qu’en tant qu’État membre de l’Union européenne, le Royaume-Uni aura un rôle d’observateur dans la suite des discussions. « Nous prenons au sérieux le rôle que les deux États nous ont confié », a-t-il dit, souhaitant que l’esprit de coopération et de bénéfice mutuel continue. Dans cet entretien exclusif accordé au journal, Steven Fisher évoque également la migration haïtienne vers les îles Turques-et-Caïques (Turcs and Caicos), un territoire britannique d’outre-mer. « Entre 40 et 45% de la population est d’origine haïtienne, mais on ne sait pas combien sont illégaux. Ils y travaillent, ils sont intégrés, mais il y a un hic », analyse le diplomate qui identifie un problème émotionnel. Il indique par ailleurs que la Grande-Bretagne est touchée de la situation et qu’on veut initier un dialogue pour régulariser la situation, stopper la migration illégale et promouvoir le commerce. Le diplomate rapporte dans ses valises de beaux souvenirs du riche patrimoine culturel d’Haïti. Il est content d’avoir visité le Fort National, construit par les Britanniques, le Môle St-Nicolas où Maitland s’est rendu à Toussaint Louverture, la Citadelle Laferrière, etc. « J’ai fait des visites surprenantes dans le pays. Je pars avec de bons souvenirs. Je souhaite bon succès à Haïti et aux Haïtiens », a-t-il conclu.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie