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États-Unis : le secrétaire à la Défense Chuck Hagel va démissionner

lundi 24 novembre 2014

Cette démission serait en partie liée à des différends sur la stratégie à adopter contre le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie.

Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel devait annoncer sa démission lundi matin, sur fond de désaccords avec le président Barack Obama sur la stratégie à adopter dans la lutte contre le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie. "Ce matin, M. Hagel annoncera sa démission", a indiqué à l’AFP un responsable de la Maison-Blanche sous couvert d’anonymat. "Un successeur sera nommé rapidement", a-t-il ajouté, précisant que Chuck Hagel, 68 ans, seul républicain du cabinet Obama, resterait à son poste jusqu’à ce que son remplaçant soit confirmé par le Sénat.

Cet ancien du Vietnam, réticent à engager l’armée américaine dans des conflits, était arrivé à la tête du Pentagone début 2013 avec comme mission principale de réduire la voilure et de mener à bien le retrait des soldats américains d’Afghanistan. Le lancement, début août, d’une campagne de frappes aériennes contre les djihadistes ultra-radicaux de l’EI en Irak d’abord puis en Syrie voisine ensuite, a profondément changé la donne.

Michele Flournoy, une ex-sous secrétaire à la Défense, figure parmi ses potentiels remplaçants cités par les médias américains. Les noms de Jack Reed, sénateur démocrate du Rhode Island et ancien membre d’une unité d’élite de parachutistes, et de Ashton Carter, ancien secrétaire adjoint à la Défense, sont aussi évoqués.

Selon des responsables américains cités par le New York Times, la décision de Barack Obama de se séparer de Chuck Hagel est liée à sa volonté d’avoir un nouveau profil à la tête du Pentagone pour mener à bien cette opération militaire. "Les deux années à venir vont demander un autre type d’effort", a souligné l’un d’entre eux sous couvert d"anonymat. Barack Obama et Chuck Hagel devaient s’exprimer ensemble à 11 h 10 (16 h 10 GMT) depuis la Maison-Blanche.

Nettement moins charismatique que son prédécesseur Leon Panetta, parfois assez confus en conférence de presse, donnant souvent l’impression de subir les décisions plutôt que de donner l’impulsion, Chuck Hagel semble avoir eu du mal à se faire une place dans le premier cercle du président américain. Selon un responsable américain, il a commencé à évoquer son départ avec Barack Obama il y a "plusieurs semaines".

"Très frustré"

"Je sais qu’il était très, très frustré", a réagi le sénateur républicain John McCain, ancien candidat à la Maison-Blanche, très critique de la politique étrangère de Barack Obama. "Il n’a jamais pu entrer dans le cercle resserré à la Maison-Blanche qui prend toutes les décisions", a-t-il ajouté, précisant lui avoir parlé au téléphone lundi.

Chuck Hagel a grandi dans la pauvreté avec un père alcoolique et parfois violent, et s’est façonné au Vietnam. Dans la jungle du delta du Mékong, il a été blessé à deux reprises, se voyant décerner autant de médailles Purple Heart. De retour du Vietnam, il enchaîne les petits boulots avant de décrocher un emploi dans l’équipe d’un sénateur du Nebraska, où il se fait remarquer. À l’arrivée de Ronald Reagan au pouvoir, au début des années 1980, il devient numéro deux du ministère des Anciens Combattants et n’hésite pas à démissionner pour dénoncer les coupes dans les pensions des vétérans. Il passe alors dans le privé, créant une société de téléphonie mobile qui le rendra millionnaire. Au Sénat (1996-2008), où il est membre de la commission des Affaires étrangères, Chuck Hagel se lie d’amitié avec le républicain John McCain, le démocrate Joe Biden, ou encore Barack Obama qu’il accompagne lors de visites de terrain en Irak et en Afghanistan.

Hostile à un interventionnisme à tout crin, il s’était rapidement opposé à la politique de George W. Bush en Irak, s’attirant les critiques de son camp. "Nous n’hésiterons pas à recourir à toute la force de l’armée des États-Unis pour assurer notre sécurité. Mais nous devons aussi être intelligents, et plus encore, avisés, dans la façon dont nous employons la grande puissance de notre pays", déclarait-il en janvier 2013 lors d’un processus de confirmation difficile devant le Sénat.


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