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Doit-on encore diffuser l’élection de Miss France ?

lundi 21 décembre 2015

C’était sûrement l’un des marronniers cathodiques les plus attendus de cette fin d’année. L’élection de Miss France 2016 a encore réuni samedi soir, des millions de téléspectateurs. Mais quel quel intérêt y a t-il à regarder ce concours de beauté d’un autre siècle ?

Et la grande gagnante fut Iris Mittenaere. La miss Nord-Pas-de-Calais de 22 ans succède ainsi à Camille Cerf. A l’annonce du nom de la régionale de l’étape, le Zénith de Lille explosa. Ce fut sûrement le moment le plus intense de cette soirée interminable. Car, pour le reste, TF1 nous a gratifié d’un divertissement sans surprise et ô combien prévisible dans un nuage de paillettes et de poudre aux yeux.

Pour justifier la diffusion de ce programme, l’incontournable maître de cérémonie Jean-Pierre Foucault avait osé un « Miss France est un divertissement qui fait partie de la vie. Si on ne reprend pas la vie, l’ennemi aura gagné », faisant référence aux tragiques événements parisiens. Comme si on avait attendu après le concours de Miss France pour retrouver le sourire.

Côté scène, 15 secondes auront suffit pour assister à l’inévitable chute de la soirée. Elle fut l’oeuvre de Miss Roussillon sur le tableau d’entrée.

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Le programme s’enchaîna par la suite sur un air de déjà-trop-vu. A commencer par la présentation des miss régionales sous forme de clips ringards. Des mises en scène risibles dignes des soaps millésimés eigthies avec regards de braise et sourires ravageurs, poses ridicules et décors paradisiaques. Tout sauf moderne.

On n’était pourtant pas au bout de nos peines. Les verbatims de ces demoiselles furent un festival de poncifs, dont voici un petit florilège : « J’ai deux qualités : je suis bavarde, ce qui me permet de discuter avec tout le monde, et têtue, ce qui m’aide à aller au bout de mes objectifs. », « Lors de l’élection régionale, j’ai vu les filles partir une à une, mon coeur s’est tellement accéléré que j’ai cru frôler la tachycardie, puis lorsqu’on a m’a appelé, j’étais si heureuse que j’en ai pleuré. » Ou encore : « Quand j’ai entendu mon nom, c’est une explosion de joie qui s’est faite intérieurement. » Evidemment, dans leur désir d’incarner Miss France reviennent ces arguments immuables : « Je suis contre la guerre », « J’ai envie d’aider les personnes dans le besoin » ou « Ce concours m’aidera à réaliser mes rêves ».

Passé ce moment d’égarement, on peut s’interroger légitimement sur la diffusion de ce programme. Sous cette forme en tout cas. Ce concours est-il représentatif de la mixité sociale et culturelle de notre époque ? N’est-il pas trop conservateur ? Ne faudrait-il pas un jour remplacer Jean-Pierre Foucault ? L’an prochain, souhaitons que la sélection finale se calque sur la réforme territoriale et les nouvelles régions qui en émanent, avec pour effet de réduire le nombre d’élues. Cela permettra peut être de dynamiser un programme qui traîne en longueur. Néanmoins, la question est bel et bien de savoir comment moderniser ce show loin d’être dans l’air du temps. Car, après l’émission, on avait vraiment le sentiment d’avoir assisté à l’élection de « Miss vieille France ». A presque 100 ans, ce concours fait définitivement son âge.


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