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Dimanche, le vrai test

vendredi 7 août 2015

Dimanche on saura si le Conseil électoral a les reins assez solides pour organiser les premières élections réalisées en Haïti depuis le deuxième tour de la présidentielle en avril 2011. Toute une série de consultations nous attend. Ce Conseil électoral tout neuf a la responsabilité de mener à bien le scrutin le plus onéreux jamais mis sur pied dans le pays. La réussite des élections doit éviter au pays de vivre une nouvelle période de transition. Le taux de participation demeure la grande inconnue des élections législatives à moins de 24 heures de la clôture de la campagne électorale. On a l’impression que tous les millions du CEP ont été investis dans la fabrication des bulletins et bien peu dans la motivation des électeurs. Très nombreux, partis et candidats ont reçu une aide publique atomisée pour les aider à supporter les frais de la campagne. Ce dimanche 9 août, 118 députés et 20 sénateurs sont à élire. Le Conseil électoral, le gouvernement, la communauté internationale comme la Police nationale d’Haïti se disent prêts pour ce challenge. Dans les rues, les candidats ont rivalisé d’ardeur pour coller le maximum d’affiches par mètre carré. Tous les médias leur ont ouvert leurs portes pour qu’ils se présentent. Les élections législatives sont surtout une affaire d’hommes et de femmes plus qu’une campagne électorale conduite par des partis politiques. Au terme de la campagne pour le premier tour, personne ne peut dire qu’il y a un projet de loi ou un débat de société qui a tenu la vedette dans les propositions ou dans les arguments présentés lors des échanges. Chaque candidat s’est présenté et a égrené une liste d’idées de propositions de loi ou de réalisations qu’il espère concrétiser pour sa commune ou dans sa région. Certains candidats, la grande majorité, ont évité de faire du bruit. Ces candidats pour la forme échappent à toute analyse. Grande innovation de ce scrutin, le président en poste fait campagne et multiplie les visites en province pour soutenir les candidats de son parti. Ce vendredi, le président doit clôturer le ballet de ses meetings dans la région métropolitaine de Port-au-Prince avec en point d’orgue l’inauguration du viaduc de Delmas. Depuis 1987 que des élections sont tenues après la chute des Duvalier, un président en campagne et ouvertement partisan est une première. Aucun chef d’Etat en fonction n’a fait comme Michel Martelly le fait en arpentant les podiums pour rétablir sa vérité sur son bilan après quatre ans de présidence. D’ailleurs, Martelly parle plus de lui et de ses ennemis qu’il ne présente les candidats du PHTK. C’est lors d’un de ses meetings, à Miragoâne, que le président a tenu des propos désobligeants envers une citoyenne qui lui demandait des comptes sur ses nombreuses promesses. Après le tollé soulevé par son attitude, Martelly doit affronter une crise gouvernementale. Le parti Fusion des sociaux-démocrates haïtiens fait le retrait de ses ministres du gouvernement Paul. Pour sa première vraie campagne électorale comme chef de parti, Martelly va-t-il essuyer un échec ou savourer la victoire, fruit de ses efforts ? Comme le CEP, les nouveaux partis venus sur l’échiquier politique et les anciens joueurs, le président va recevoir le résultat de ses efforts, ce dimanche.

Frantz Duval duval@lenouvelliste.com


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