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Des blindés venant de Russie ont passé la frontière ukrainienne

lundi 25 août 2014

par Pavel Polityuk et Alessandra Prentice

KIEV (Reuters) - Des militaires russes se faisant passer pour des séparatistes ont ouvert un nouveau front dans l’est de l’Ukraine, a annoncé lundi le porte-parole de l’armée ukrainienne, alors que Moscou a fait part de son intention d’envoyer unilatéralement un second convoi humanitaire.

"Ce matin, il y a eu une tentative de la part de forces russes se faisant passer pour des combattants du Donbass visant à ouvrir une nouvelle zone de confrontation militaire dans le sud de la région de Donetsk", a déclaré Andriy Lissenko, évoquant dix chars et deux véhicules blindés.

Une cinquantaine de blindés venant de Russie ont passé la frontière ukrainienne près de Novoazovsk, sur le littoral de la mer d’Azov à une dizaine de kilomètres de la frontière, a par ailleurs annoncé le chef d’une milice pro-gouvernementale dénommée Azov.

Une quarantaine d’entre eux se dirigeaient vers Marioupol, tandis que les autres s’orientaient vers Amvrosievka, au nord, a précisé Semen Sementchenko.

"L’invasion des occupants russes a lieu", a-t-il déclaré, ajoutant que les forces russes étaient pour le moment "localisées et facilement neutralisables" et qu’aucun combat n’avait été signalé aux environs de Marioupol.

"Novoazovsk n’a pas été prise. L’autoroute (qui rejoint Novoazovsk à Marioupol) est sous le contrôle des forces anti-terroristes, a cependant assuré Andriy Lissenko. Nous avons les ressources suffisantes à Marioupol pour repousser toute attaque."

L’armée ukrainienne avait auparavant annoncé que des gardes-frontières avaient stoppé une colonne de blindés des séparatistes pro-russes à 5 km au nord-est de Novoazovsk.

Les combats étaient jusqu’à présent concentrés autour des deux fiefs séparatistes de Louhansk et Donetsk, un peu plus au nord.

MOSCOU VEUT ENVOYER UN SECOND CONVOI D’AIDE

Lioudmila, une résidente de cette localité témoigne par téléphone : "Tout a commencé à 08h00 ce matin (05h00 GMT). Nous avons vu apparaître des tanks, pas moins de sept, ainsi que des (roquettes de type) Grad et des véhicules blindés."

"Novoazovsk est morte. Les gens cherchent à se mettre à l’abri (des bombardements). Le bruit d’une invasion courait il y a deux jours. Le drapeau ukrainien a été retiré des bâtiments municipaux."

Des drapeaux aux couleurs d’un groupe séparatiste se faisant appeler "Armée de libération orthodoxe", décoraient certains tanks, a-t-elle raconté, ajoutant que les forces rebelles avaient occupé le village de Markine, à environ 7 km de Novoazovsk, et y avaient fait feu.

Interrogé sur des rumeurs d’incursion russe en Ukraine dans la région de Markine, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a pour sa part déclaré "ne pas être au courant". "Mais il y a énormément de désinformation là-bas au sujet de nos ’incursions’."

Le chef de la diplomatie russe a annoncé lundi l’intention de Moscou d’envoyer un deuxième convoi humanitaire dans l’est de l’Ukraine, malgré les protestations de Kiev et des puissances occidentales après l’envoi du premier, qui a passé la frontière sans autorisation.

"La situation humanitaire ne s’améliore pas mais se détériore. Nous voulons parvenir à un accord sur toutes les conditions nécessaires à l’envoi d’un second convoi par la même route (...) dans les jours qui viennent", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

Le premier convoi de quelque 200 camions russes est entré sur le territoire ukrainien vendredi et le chef du service ukrainien de la sécurité d’état (SBU), Valentin Nalivaïtchenko, avait dénoncé une "invasion directe".

Sergueï Lavrov a également mis en garde les responsables occidentaux qui seront présents lors du sommet à Minsk, mardi, les invitant à ne pas attendre que les solutions ne viennent que de Moscou.

"J’espère sincèrement que nos collègues occidentaux (...) ne s’attendront pas simplement à ce que nous résolvions les choses pour eux, d’une manière ou d’une autre, comme par magie. Cela ne fonctionnerait pas."

L’Occident devrait exhorter Kiev à "reconnaître sa responsabilité (...) et à comprendre qu’il ne s’agit pas d’un combat entre l’Ukraine et la Russie mais d’une lutte pour un Etat ukrainien dans lequel chacun pourrait vivre confortablement", Russes, Ukrainiens et membres d’autres minorités, a ajouté Sergueï Lavrov.

(Pavel Polityuk avec Lina Kusch ; Jean-Philippe Lefief et Agathe Machecourt pour le service français


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