MosaikHub Magazine

« Chalmas, ala kote gen koze ! »

mercredi 2 mars 2016

La politique slalome sur l’ardu chemin de l’impossible consensus. La sécheresse et les inondations incommodent des millions d’Haïtiens. Les deux mondes ne se rencontrent pas. Sauf dans les tonitruants grands titres de l’actualité. À mesure que les langues se délient dans les ministères, les petits scandales éclatent au gré des publications sur Internet. Pendant ce temps, l’insécurité aligne les cadavres et handicape des victimes de plus en plus nombreuses. Le gouvernement d’Evans Paul a pris la fuite, laissant en plan le gouvernement à venir. Si l’équipe qui fuit les affaires courantes a voulu donner de l’allure à son départ, c’est raté. La population, qui tire le diable par la queue, ne s’est pas encore aperçue de sa non-présence. « Chalmas, ala kote gen koze ! », dirait la marchande de pistache de Gwo Moso, dans l’inoubliable portrait de Maurice Sixto. Zika chasse chikungunya. On ne parle plus de malaria ni de typhoïde. Les fièvres les plus banales ont des noms exotiques. Personne ne peut plus être malade en paix sans devenir une statistique mondiale dans le grand ballet des maladies nomades d’un monde mondialisé. Nos moustiques ont des lettres d’accréditation pour faire parler d’eux dans les conversations huppées. Plagatox mouri nan fim nan. Il y a une bataille sans merci au Parlement. Des élus cherchent à vite se faire un nom. D’autres un pécule. Les homériques empoignades pour la présidence du Sénat doivent retenir l’attention. Depuis qu’un sénateur est devenu président par une petite élection, les rêves de tout sénateur se doivent d’être des plus ambitieux. Quand les députés vont eux aussi se mettre à rêver, nous allons avoir de belles affiches la prochaine fois que le second degré sera la porte d’entrée au palais national. Papa gede bèl gason nèt. Les dénonciations claquent comme des sentences. La nation demande des comptes et, comme d’habitude, la seule façon d’étouffer un scandale est de faire sortir des tiroirs un autre scandale. Le temps passe. On rit. On se plaint. On apprécie. Chacun selon ses calculs ou ses attentes. La République ne s’occupe pas de ses affaires et le temps passe. Bon mois de mars à tous

Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com


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