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Bras de fer sur une mosquée à Nice : Estrosi va poursuivre le préfet

lundi 25 avril 2016

Pas question pour le maire de Nice Christian Estrosi (LR) d’ouvrir au milieu d’une technopole une mosquée financée par l’Arabie saoudite : il s’est offert une tribune lundi en convoquant son conseil municipal pour attaquer en justice le préfet, et donc l’État.

La session extraordinaire du conseil municipal convoquée par M. Estrosi a suscité une volée de critiques de l’opposition municipale, qui a accusé le maire de "mensonges" et de "populisme".

Pour M. Estrosi (élu à la mairie en 2008), le projet a été initié sous le mandat de son prédécesseur de droite Jacques Peyrat en 2002 et "aucune autorisation n’a été accordée à ce lieu de culte".

Le propriétaire du bâtiment - le ministre saoudien des Affaires islamiques Cheikh Saleh ben Abdel Aziz Al-Cheikh - "prône la charia et a annoncé qu’il fallait détruire toutes les églises de la péninsule panarabique", a déclaré le maire de Nice.

"Nos services de renseignement sont inquiets sur ce lieu de culte", a-t-il ajouté, en faisant état de "fonds étrangers non contrôlés".

Le préfet Adolphe Colrat a récemment donné son feu vert sous conditions à l’ouverture de la mosquée de l’Institut En-Nour, dont la construction engagée en juillet 2012 s’est achevée en novembre.

Il exige que la mosquée "ne dépende en aucune façon d’une influence étrangère" et "que sa gouvernance s’inscrive clairement dans le cadre de la loi de 1905, en y associant la collégialité représentative du culte musulman à Nice et dans le département".

Concrètement, M. Estrosi demande au représentant de l’État de signer une déclaration d’utilité publique (DUP) pour ouvrir une crèche à la place de la mosquée. Et c’est le refus du préfet de transformer le lieu en crèche que la ville entend attaquer, la seule façon pour elle de contrer juridiquement le projet de mosquée.

Au cours du conseil municipal extraordinaire de lundi, le maire a également obtenu l’autorisation de saisir la cellule de renseignement Tracfin pour contrôler l’origine des fonds finançant la mosquée. Il entend aussi demander au préfet de fermer plusieurs salles de prières à Nice.

- "Ne négliger aucune piste" -

Le maire a affirmé que le lieu de culte musulman situé à l’ouest de Nice n’était "en rien soutenu par les représentants de la communauté", tout en annonçant la présentation "d’ici la fin de la semaine" d’un terrain adapté pour créer un nouveau lieu de culte à l’ouest de la ville.

Dans un courrier en date de janvier brandi par l’opposition municipale, quatre responsables locaux du culte musulman ont écrit au président de l’association gérant la future mosquée controversée : "Nous ne nous sommes jamais prononcés contre votre projet" déclarent-ils dans cette lettre.

L’un des signataires, Boubekeur Bekri, vice-président du Conseil régional du culte musulman en Paca, explique à l’AFP qu’il s’agit d’une approche pragmatique. "Nous ne faisons pas de la politique, notre position consiste à ne négliger aucune piste".

"Il y a une opposition du côté de la mairie, deux conditions posées par la préfecture, et aujourd’hui une autre solution du maire dont nous ne connaissons pas le contenu", résume-t-il prudemment. Le responsable n’entend pas se fourvoyer dans "un traquenard" politique alors qu’une élection législative partielle (pour le poste de député de M. Estrosi) se déroulera fin mai précisément dans la zone géographique de la mosquée en question.

"Le maire a approuvé le projet" a dénoncé pour sa part lundi son ancien 1er adjoint Benoit Kandel passé dans l’opposition sans étiquette, accusant M. Estrosi d’être un "menteur". Il a rappelé que la mosquée avait reçu des avis favorables en 2012 de la commission de la sécurité et de la commission de l’accessibilité de la ville de Nice pour ouvrir au public. M. Estrosi a rétorqué qu’il n’avait pas été tenu au courant par son ancien adjoint.

Le conseiller municipal d’opposition socialiste, Patrick Allemand, a pour sa part accusé le maire de "nourrir le populisme". "C’est une démarche stigmatisante, vous montrez du doigt une communauté", a-t-il insisté. "Ce qui me choque c’est que le maire ait donné une autorisation de travaux, c’est une affaire purement politique !", a-t-il estimé, faisant aussi allusion à la prochaine élection législative partielle des Alpes-Maritimes.

25/04/2016 15:38:07 - Nice (AFP) - © 2016 AFP


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