MosaikHub Magazine

« Bonjour tristesse »

dimanche 9 novembre 2014

Kreutzberg. Le quartier de son atelier est aussi celui où il a atterri, en 1982, « guidé », cette fois, par une chanson de Lou Reed. « In Berlin, by the wall, you could hear the guitars play, it was so nice, it was paradise » / « A Berlin, près du Mur, on pouvait entendre le son des guitares, c’était si bien, c’était le paradis », lui souffle le New-Yorkais.

En longeant le mur à la recherche de ce lieu idéal, il tombe, dans le secteur américain, vers la Mariannenplatz, sur la « Georg von Rauch Haus », un ancien hôpital devenu l’un des premiers squats de Berlin-Ouest. Mais les chanteurs ne disent pas toujours la vérité : « En fait de paradis, c’était plutôt ’Bonjour tristesse’ ! D’ailleurs, j’ai appris plus tard que Lou Reed avait écrit sa chanson sans jamais avoir mis les pieds à Berlin. » Cet endroit improbable aux airs de fond d’impasse va tout de même changer sa vie.

« Mais c’est ça, le mur de Berlin ? »

Une cinquantaine de jeunes vivent, comme lui, dans ce bâtiment en briques jaunes qui borde le mur. Ici, à l’image du reste de ce quartier déserté par « les gens normaux », tout le monde se débrouille mais personne ne roule sur l’or. Les « artistes » sont partout. « Je trouvais ça extraordinaire : en vingt ans à Lyon j’avais dû croiser un artiste et là, en une semaine à Berlin, j’en connaissais des dizaines. »

Vivre à côté du mur – de ce côté ci – n’a rien de réjouissant… mais rien non plus d’impressionnant. « C’est ça, le mur de Berlin ? », s’est surpris à penser Thierry Noir la première fois qu’il l’a vu. Il l’imaginait tellement plus haut. C’est pourtant déjà là le mur de la quatrième génération, le plus sophistiqué : des blocs de béton de 3,60 mètres de haut mis bout à bout, sur des kilomètres.

Depuis la salle de bains de l’étage, la vue est imprenable sur l’ensemble de « l’appareil » : à cinquante mètres environ du mur côté Berlin-Ouest, il y en a un second, coté Berlin-Est. Entre les deux, c’est un no man’s land dont les lapins ont fait leur paradis : « la piste de la mort ». Depuis les étages, on peut voir, mais on peut aussi être vu : dans leur mirador, les « grepos », diminutif de Grenzpolizei, les gardes-frontière allemands, surveillent à la jumelle.


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