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Bolivie : vers une réélection attendue du président Evo Morales

dimanche 12 octobre 2014

Evo Morales, premier chef d’Etat amérindien de Bolivie et chantre de la gauche antilibérale en Amérique latine, brigue dimanche un troisième mandat lors d’élections générales qu’il devrait remporter dès le premier tour, face à une opposition fragmentée et à la traîne.

Lors de son dernier meeting de campagne mercredi soir, fort de son avance dans les sondages de 41 points sur son principal rival de centre droit, l’homme d’affaires Samuel Doria Medina, Evo Morales a promis de donner "un coup de massue à l’impérialisme, au néolibéralisme" pour que "triomphe le peuple bolivien".

"En neuf ans nous avons appris à bien gouverner et c’est pour cela que nous gagnerons avec une large majorité", a assuré le président Morales à ses partisans du MAS (Movimiento Al Socialismo) dans son fief de El Alto, près de La Paz.

Dans les sondages, Morales obtient 59% des intentions de vote contre 18% à Samuel Doria Medina, suivi de l’ex-président conservateur Jorge Quiroga (9%), du social-démocrate Juan del Granado (3%) et du candidat du Parti Vert Fernando Vargas (2%).

Les élections verront également le renouvellement du Parlement, avec un sénat de 36 membres et une Chambre des députées de 130 membres.

Le plus ancien président en exercice sur le continent devrait ainsi être reconduit dès le premier tour par les six millions d’électeurs boliviens pour un mandat de cinq ans.

Arrivé au pouvoir en 2006 avec 54% des voix, il a été triomphalement réélu en 2009 sur un score de 64%. Son parti est à la tête de sept départements sur neuf et de trois des dix principales villes (El Alto, Cochabamba, Potosi).

- Les opposants amadoués -

Le président recueille également 50% d’opinions favorables dans la région de Santa Cruz, moteur économique du pays et bastion de l’opposition conservatrice.

Santa Cruz était encore récemment le fer de lance de l’opposition la plus combative contre le gouvernement d’Evo Morales. En 2008, des dizaines de milliers d’habitants du département se mobilisèrent en faveur de l’autonomie et contre le gouvernement central.

Aujourd’hui les entrepreneurs du pays ne sont plus en guerre ouverte contre celui qui a pourtant nationalisé des pans entiers de l’économie mais qui a su se montrer pragmatique.

Gabriel Dabdoub, président de la Fédération des Entrepreneurs Privés de Santa Cruz, et ex-président de la Fédération nationale des entrepreneurs privés, assure que son secteur et le gouvernement se sont rapprochés.

"Cela n’a pas été facile, ça a été tout un processus. Je crois que nous étions tout d’abord dans une posture de résistance. Puis on est passé à une posture de réclamations, et aujourd’hui, nous sommes dans une étape de propositions autour d’une confiance qui s’est créée", disait-il récemment à l’AFP.

Virulent critique de Washington, Evo Morales arrive aux élections fort d’une stabilité politique inédite dans un pays qui a connu 160 coups d’État depuis l’indépendance en 1825.

Il revendique aussi un des meilleurs taux de croissance de la région (environ 5% cette année) et la gestion du pays, un des plus pauvres d’Amérique latine, a reçu les encouragements du FMI qui juge satisfaisants les indicateurs macro-économiques. La Bolivie fait partie des pays d’Amérique latine ayant le plus réduit la faim ces dernières années, selon la FAO.

- Revanche historique -

"El Evo", comme le nomment ses compatriotes, continue de susciter une forte adhésion populaire en Bolivie, où 65% des 10 millions d’habitants se reconnaissent comme indigènes. Il reste l’Aymara né dans un foyer démuni de l’Altiplano qui n’a jamais terminé l’école.

Pour beaucoup, sa présidence représente une revanche historique.

Depuis son arrivée au pouvoir, il a mené une vaste politique d’étatisation des principales ressources stratégiques du pays, surtout les hydrocarbures, et parallèlement une "révolution pacifique, démocratique et culturelle" visant à réduire les injustices sociales et réhabiliter les cultures traditionnelles.

Ces derniers mois plusieurs mouvements protestataires d’étudiants, de retraités ou au sein de l’armée ont pourtant révélé une certaine insatisfaction, y compris parmi d’anciens sympathisants du président.

Le candidat du Parti Vert, le leader indigène Fernando Vargas, s’est notamment opposé ouvertement à Evo Morales, critiquant ses projets de barrages à la frontière avec le Brésil, qui menacent selon lui la région amazonienne.

Samuel Doria Medina a signalé pour sa part que le gouvernement Morales ces neuf dernières année a abouti à "plus de corruption, plus de trafic de drogue et plus d’insécurité" et a appelé à "sauver le processus démocratique".


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