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Barcelone-PSG : Kais Ruiz, 12 ans, interdit de jouer pour le Barça et « tué sportivement » par la Fifa

lundi 20 avril 2015

FOOTBALL Le jeune homme, né à Lyon mais joueur du club catalan depuis 2010, fait partie des joueurs sanctionnés dans l’affaire des transferts de mineurs illégaux reprochés au FC Barcelone…

De notre envoyé spécial à Barcelone,

Sur les quelques vidéos youtube qui circulent, c’est encore un peu tôt pour juger. On ne peut pas le nier, le gamin a du talent, mais à 13 ans, des Messi aux pieds trempés dans le bénitier, il suffit de soulever le premier rocher qui passe pour en trouver un nid prêt à éclore, comme les coquillages sur une plage du sud. Encore plus quand ils sont formés à la Masia et qu’ils tourmentent chaque week-end une victime consentante sous les yeux de Barça TV. Kais Ruiz, 12 ans à peine, mi-Iniesta, mi-Xavi, mi-enfant, fait partie des stars en devenir. Mais le jeune français n’a plus été aperçu sur les résumés de la chaîne du club depuis longtemps. Et pour cause, il fait partie des neuf joueurs mineurs du FC Barcelone qui paient l’interprétation vaseuse de la part du club catalan de l’article 19 de la Fifa, portant sur les transferts internationaux des joueurs de moins de 18 ans.

Pour faire courte, et parce que l’histoire est connue, l’article en question consiste à empêcher les déracinements précoces en interdisant les transferts de mineurs, exceptées dérogations spéciales : déménagement des parents avec l’enfant pour d’autres motifs que le football, lieu de vie à moins de 100 km dans un pays frontalier, ou avoir 16 ans révolus pour les mineurs communautaires. Tout l’art des grands clubs européens consiste, évidemment, à s’engouffrer dans les marges laissées par les dérogations, respectant une sorte d’accord tacite que personne ne viendra chercher des noises au voisin pour faire la même chose que lui.

C’est comme ça que Lionel Messi, par exemple, a pu quitter l’Argentine pour poursuivre sa préformation en Catalogne. Sauf qu’en 2011, un club resté anonyme a brisé le pacte après avoir vu le Coréen Lee Seung-woo humilier la concurrence lors d’un tournoi local. L’enquête de la Fifa a débouché sur une interdiction de recrutement jusqu’en 2016, la punition la plus visible, mais aussi, donc, sur un grand ménage parmi les membres de la Masia. Kaiz Ruiz aurait pu passer à travers, comme Théo Chendri, l’autre français concerné par une possible sanction, mais non. Le voilà interdit de jouer sous les couleurs du Barça jusqu’à ses 16 ans, en août 2018.

l’article 19 de la fifa sur les transferts de mineur. - 20 minutes

« On essaie de comprendre pourquoi c’est tombé sur lui et pas un autre, mais on a du mal à comprendre, déplore Redoine, le père du jeune homme. Personne au club n’est capable de nous répondre. J’ai l’impression qu’ils ont tapé sur certaines têtes, les prodiges, vous voyez ? ». Il est vrai que le cas de la famille Ruiz semble irréprochable. Repéré du côté de Lyon à sept ans, Kais déménage avec ses parents du côté d’Esplugues de Llobregat, dans la banlieue proche de Barcelone, où il poursuit sa scolarité tout en intégrant les équipes de sa catégorie d’âge à La Masia. « Le Barça a été très correct, ils n’y sont pour rien, précise Redoine. Je ne les renie pas, c’est un club qui fait très attention à tout ce qui se passe autour de l’enfant. Ils vont à l’école comme tout le monde, puis le soir à l’entraînement après les devoirs. Nous, on a choisi de l’accompagner dès le début parce qu’on ne laisse pas son enfant seul à cet âge-là. C’est normal, non ? Aujourd’hui, on est en train de tuer sportivement ces gosses. C’est triste de partir pour des raisons politiques, mais il va bien falloir ».

Kais, comme ses parents, s’est lassé des semaines d’entraînement qui ne débouchent jamais sur des matchs officiels, à un âge où la carrière professionnelle est encore loin d’être acquise. Le Barça s’est fait à l’idée de le perdre. « Il s’en va pour mieux revenir, avançait fin janvier le président Bartomeu à son sujet. C’est un joueur qui nous intéresse, que nous continuerons à suivre et qui reviendra ici quand il aura l’âge réglementaire ». La réalité est plus nuancée, comme toujours. La famille, discrète sur le sujet, a bel et bien choisi de rentrer en France. Mais elle ne s’est pas décidée pour le moment entre l’OL, le club d’enfance du jeune homme, et le PSG, qui n’en finit plus de trouver son Messi à lui, comme promis par Nasser Al-Khelaïfi lors de son arrivée aux commandes du club de la capitale. Ça ne vaut pas la Masia, d’accord, mais enfin, il y a pire pour commencer une carrière.


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