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Barack Obama n’est pas convaincu de la nécessité d’armer Kiev

lundi 9 février 2015

par Andreas Rinke et Aleksandar Vasovic

WASHINGTON/DONETSK (Reuters) - Barack Obama étudie toutes les options en cas d’échec de la diplomatie en Ukraine, y compris l’envoi d’armes, mais n’a pas encore pris aucune décision à ce sujet.

"La possibilité (de livrer) des armes létales défensives est l’une des options à l’étude, mais je n’ai pas encore pris de décision", a déclaré le président des Etats-Unis lors d’une conférence de presse avec Angela Merkel à la Maison blanche.

"Pouvons-nous être certains que l’aide létale fournie à l’Ukraine sera utilisée correctement, qu’elle ne tombera pas entre de mauvaises mains, qu’elle ne donnera pas lieu à des actes agressifs que les Ukrainiens ne cautionneraient pas ? Quel genre de réaction cela susciterait-il, non seulement de la part des séparatistes, mais des Russes ? Tous ces points doivent être étudiés.

"La question qui permettra de prendre ces décisions est la suivante : ’Est-ce que ce sera plus efficace avec que sans ?’ C’est tout l’objet de nos délibérations", a-t-il ajouté.

La chancelière allemande, venue à Washington pour réaffirmer son opposition à des livraisons d’armes, a répété qu’elle ne croyait pas à une solution militaire à la crise, tout en reconnaissant la difficulté de parvenir à une solution diplomatique avec Moscou.

"Si, à un certain stade, on doit admettre que le succès n’est pas possible, y compris si on y met toute son énergie, les Etats-Unis et l’Europe devront (...) explorer d’autres possibilités", a-t-elle toutefois ajouté.

La chancelière a lancé la semaine dernière avec le président français François Hollande une nouvelle initiative pour tenter de mettre en oeuvre le Protocole de paix de Minsk, signés en septembre sous l’égide de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) mais restés lettre morte. Tous les quatre doivent se retrouver mercredi à Minsk.

"LES UKRAINIENS SE FONT MASSACRER"

La position d’Angela Merkel et de Barack Obama leur a valu les foudres de "faucons" républicains comme les sénateurs Lyndsey Graham et John McCain.

"Les Ukrainiens se font massacrer et nous leur envoyons des couvertures et des vivres", a déploré McCain ce week-end à la conférence sur la sécurité de Munich. "Les couvertures n’ont guère d’effet face à des chars russes."

Le Sénat et la Chambre des représentants ont adopté en décembre à l’unanimité un texte qui autorise les livraisons d’armes en Ukraine. Obama l’a promulgué mais sa mise en oeuvre ne dépend que de lui.

La commission des Forces armées de la Chambre travaille désormais à un projet de loi qui contraindrait le gouvernement américain à fournir effectivement des armes à Kiev.

Ashton Carter, pressenti pour succéder à Chuck Hagel à la tête du Pentagone, semble de plus en plus favorable à l’envoi d’équipement létal à Kiev, comme des armes antichar, des armes légères et des munitions.

Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale, confirme que cette option est à l’étude mais souligne la nécessité de maintenir l’unité entre Washington et ses alliés européens. Une telle mesure devrait être prise "en étroite coordination avec nos partenaires", a-t-elle indiqué.

Dimanche, le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est employé à minimiser les désaccords avec l’Europe. "Allons-nous rester unis ? La réponse est que nous sommes absolument unis, sans équivoque, nous sommes unis et nous le resterons", a-t-il dit à la conférence de Munich.

"NOUS SOMMES UNIS"

Federica Mogherini, haute représentante de l’UE pour la politique extérieure, a elle aussi écarté l’hypothèse d’une crise entre Washington et l’UE. "Nous sommes unis lorsqu’il importe de soutenir l’Ukraine (...) Nous sommes unis lorsqu’il est question de pressions économiques et nous le sommes aussi quant à la nécessité d’avoir un dialogue politique", a-t-elle déclaré.

A Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont allongé la liste de personnalités russes et de séparatistes ukrainiens qui font l’objet de sanctions, mais cette mesure n’entrera pas en vigueur avant le 16 février afin de laisser du temps aux efforts de paix.

La nouvelle liste comprend 19 personnalités (cinq Russes et 14 Ukrainiens) et neuf personnes morales, dont une seule est russe. Les noms sont tenus secrets mais le vice-ministre russe de la Défense, Anatoli Antonov, figurerait parmi les personnes visées, dit-on de sources diplomatiques.

A Moscou, le Kremlin a fait savoir qu’il serait inutile de lancer un "ultimatum" à Vladimir Poutine.

"Personne n’a jamais parlé au président sur le ton d’un ultimatum et personne ne pourrait le faire", a dit le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la radio Govorit Moskva.

Neuf soldats ukrainiens ont été tués et 26 autres blessés dans les combats avec les séparatistes pro-russes au cours des 24 dernières heures, a déclaré dans la matinée un porte-parole de l’armée gouvernementale ukrainienne.

(Avec Pavel Polityuk, Richard Balmforth, Noah Barkin, Lidia Kelly, Denis Pinchuk, Robin Emmott, Patricia Zengerle, Susan Heavey et Tim Ahmann ; Jean-Stéphane Brisse, Guy Kerivel et Jean-Philippe Lefief pour le service français)


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