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Barack Obama et Raul Castro au Panama pour sceller leur réconciliation

vendredi 10 avril 2015

Les présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro se retrouvent vendredi au Panama pour un sommet continental historique qui doit consacrer le rapprochement entre Washington et La Havane.

Les deux hommes se trouveront côte à côte vendredi soir pour l’ouverture du Sommet des Amériques, puis lors d’un dîner officiel, mais la Maison blanche a indiqué qu’il faudra probablement attendre samedi pour assister à une véritable conversation, la première entre chefs d’Etat des deux pays depuis 1956.

La présence des deux hommes à ce sommet, qui réunit pendant deux jours une trentaine de chefs d’Etat, va couronner le réchauffement annoncé en décembre dernier au terme de 18 mois de tractations menées dans le plus grand secret.

Cuba effectue ainsi son retour dans cette grand-messe continentale dont elle restait exclue par les Etats-Unis et l’Organisation des Etats américains (OEA) depuis sa première édition en 1994.

MM. Obama et Castro se sont déjà parlé au téléphone mercredi, pour la deuxième fois après leur échange direct du 17 décembre qui avait précédé l’annonce surprise du rapprochement entre les deux pays, a indiqué la Maison Blanche.

Par ailleurs, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez se sont entretenus pendant trois heures dans la nuit de jeudi à vendredi.

Cette rencontre, la première entre responsables de ce niveau depuis 1958, a permis de faire des "progrès" en vue du rapprochement entre les deux pays, a rapporté le département d’Etat.

Vendredi, le président américain a visité le canal de Panama côté Pacifique, sac à dos à l’épaule, avant de s’entretenir avec son homologue panaméen Juan Carlos Varela. Son programme prévoit d’autres entretiens avant l ?ouverture du Sommet en soirée.

- "Juste un début" -

L’annonce du dégel entre les ennemis de la guerre froide ouvre la voie à de longues et âpres négociations pour résoudre de nombreux points de contentieux hérités de 53 années d’affrontements.

Jeudi soir, le département d’Etat a entamé les démarches pour la levée d’un premier obstacle : la présence de Cuba dans la liste américaine des pays soutenant le terrorisme.

Ben Cardin, démocrate le plus haut placé de la commission des Affaires étrangères du Sénat, a fait état du dépôt d’une "recommandation du département d’Etat de retirer Cuba de la liste des Etats soutenant le terrorisme".

Le retrait de cette liste est la principale condition posée par Cuba à la réouverture d’ambassades dans les deux pays, même si M. Obama a prévenu que cela "prendrait du temps".

Cette liste est "juste un début" sur le chemin de la normalisation, a relevé pour l’AFP Mark Weisbrot, directeur du Centre de recherche économique et politique à Washington.

Car Raul Castro a prévenu fin janvier que la normalisation "ne sera pas possible" tant que sera maintenu l’embargo en vigueur depuis 1962 contre l’île communiste, qui demande inlassablement sa levée.

Par ailleurs, demeurent les épineux dossiers de la base navale de Guantanamo (est), occupée par les troupes américaines depuis 1903, et celui des compensations demandées par les deux pays pour les dégâts de l’embargo et la nationalisation de biens américains après la révolution castriste.

Ce Sommet "fait partie des négociations en cours" entre La Havane et Washington, explique l’ancien diplomate et universitaire cubain Carlos Alzugaray. "La présence de Raul Castro au sommet n’est pas un aboutissement, mais un début".

De récents sondages ont montré que 59% des Américains et 97% des Cubains sont favorables au rapprochement.

- La pétition de Maduro -

Soucieux de reprendre pied sur le continent après avoir déminé la question cubaine, M. Obama a annoncé venir à ce Sommet porteur d’une volonté de "dialogue".

Mais il devra faire face à de nombreux pays latino-américains outrés par sa récente décision de signer un décret qualifiant le Venezuela, principal partenaire économique de Cuba, de "menace" pour la sécurité intérieure des Etats-Unis.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé jeudi qu’il allait remettre lors de ce Sommet plus de 13 millions de signatures à M. Obama en faveur de l’annulation de ce décret.

Mais Washington, comme Caracas, ont cherché à faire baisser la pression, les Etats-Unis admettant que le Venezuela "n’est pas une menace" et M. Maduro se déclarant disposé au "dialogue".

Pour ce qui est des résultats réels du sommet panaméen, officiellement consacré à la "prospérité dans l’égalité", les attentes sont minimes : des rumeurs insistantes circulent dans la capitale panaméenne sur l’absence de déclaration finale du fait du litige vénézuélien.

Le Sommet comptera aussi la présence de la chef de la diplomatie de l’Union européenne Federica Mogherini, pour la première fois invitée à un Sommet des Amériques.


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