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A Cuba, le rapprochement avec les Etats-Unis divise rêveurs et sceptiques

jeudi 18 décembre 2014

Encore sonnés par l’annonce historique du rapprochement avec les Etats-Unis, les habitants de La Havane oscillaient jeudi entre joie spontanée et scepticisme prudent, faute de disposer d’informations détaillées sur les changements à prévoir dans l’île communiste.

"Je suis encore sous le choc, en train de digérer la nouvelle, mais je manque vraiment d’éléments pour assembler le puzzle d’une nouvelle relation", confie à l’AFP Rolando Rodriguez, un laveur de voitures de 44 ans rencontré dans le quartier du Vedado, près du centre-ville.

Selon lui, Raul Castro a été "très bref" dans son allocution solennelle de mercredi, et la presse parue dans la matinée ne propose pas de "bon article" expliquant "l’origine et l’impact de cette annonce si retentissante".

Manuel Ramos, cubano-américain de 62 ans, fait partie de ceux qui sont revenus à Cuba à la faveur des réformes lancées par Raul Castro depuis qu’il a succédé à son frère en 2008.

Devant la télévision mercredi soir, il a laissé échapper quelques larmes en entendant la nouvelle qu’il attendait "depuis 54 ans", lorsque ses parents ont quitté l’île pour fuir la Révolution castriste.

Comme beaucoup toutefois, il affiche une certaine réserve face à ces annonces : "Jusqu’à maintenant tout ce que nous avons ce sont des promesses de changement (...) c’est difficile d’y voir clair".

Si les annonces simultanées de Barack Obama et Raul Castro ont soulevé l’enthousiasme de la plupart des Cubains mercredi, l’embargo reste bien en place tant que sa levée ne sera pas validée par le Congrès américain.

Toutefois, dans les limites de ses prérogatives, le président américain a annoncé une série d’assouplissements économiques et migratoires en vue du rétablissement des relations diplomatiques rompues en 1961, deux ans après l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro.

- ’Maintenant Obama mérite le Nobel’ -

"Une bonne relation avec les Etats-Unis nous apportera la prospérité. Avec l’argent des +Yumas+ (surnom souvent donné aux Américains, ndlr), l’embargo sera levé en trois jours", veut croire Yordanis Herrera, un "bicitaxista" (taxi à bicyclette) de 35 ans qui travaille dans la vieille ville de la Havane.

L’électricien Armando Rodriguez, 49 ans, se prend lui à "rêver de l’arrivée de milliers de touristes et d’entreprises nord-américaines".

"Obama est un +caballo+ (un "cheval", surnom souvent accolé à la personne de Fidel Castro, ndlr), maintenant il mérite vraiment le prix Nobel de la paix", poursuit M. Rodriguez, qui se souvient des années où Cuba était considérée comme la "jolie jeune fille" des Etats-Unis, avant la Révolution.

"Ce pays peut être très important pour le tourisme américain", souligne l’économiste Juan del Sol, 52 ans, qui loue le rez-de chaussée de sa maison à un restaurant italien.

Ce dernier appelle aussi de ses voeux une libéralisation du tourisme américain vers l’île, mais cette mesure est suspendue à la levée éventuelle de l’embargo.

Silfredo Reyes, propriétaire du restaurant privé "Abdala", place ses espoirs dans la possibilité d’un meilleur approvisionnement pour son commerce.

"Ce rapprochement peut aider Cuba à construire l’infrastructure dont nous avons besoin pour faire notre travail", plaide-t-il, tout en soulignant les difficultés actuelles qu’il rencontre face aux pénuries et aux problèmes de livraison.

18/12/2014 21:17:07 - La Havane (AFP) - Par Rigoberto DIAZ - © 2014 AFP


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