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Valls : « La démocratie, ce n’est pas la rue ! La démocratie c’est le vote ! »

jeudi 9 juin 2016

En meeting ce mercredi soir à Paris, le Premier ministre a défendu, aux côtés de membres de son gouvernement et du chef du PS, le projet de loi travail. En fustigeant une droite aux « méthodes régressives » et en renvoyant une gauche opposée au texte dans l’« immobilisme ».

Valls : « La démocratie, ce n’est pas la rue ! La démocratie c’est le vote ! »

L’exercice n’est pas courant. Un Premier ministre flanqué du porte-parole de son gouvernement, sa ministre du Travail et le patron du parti au pouvoir, tous rassemblés, pour un meeting d’opposition à la droite, hors élection. C’est ce qu’a expérimenté Manuel Valls dans un discours d’une bonne heure, à l’invitation du premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, venu ce mercredi soir dans une salle située au sous-sol d’un bâtiment du XIIe arrondissement de Paris, pour défendre la loi travail alors que le texte porté par Myriam El Khomri arrive - lundi prochain - en séance dans un Sénat de droite.

Musique électro un peu datée en guise d’ouverture, estrade ronde située au milieu des militants et élus socialistes présents pour qu’il y en ait derrière les orateurs du soir, fond rouge vif et slogan un peu long : « Loi travail, face aux régressions de la droite sénatoriale, défendons le projet social ». Le cadre est planté côté PS pour tenter de raviver, à moins d’un an de la présidentielle et quelques mois de la primaire du parti Les Républicains, la flamme bien éteinte pour l’instant du combat contre une droite aux « méthodes régressives » mais aussi renvoyer la gauche qui critique ce texte à, selon Valls, son « immobilisme ».

« Nous ne serons pas le énième gouvernement qui recule devant une réforme essentielle », promet le chef du gouvernement devant un « premier bataillon de ceux qui vont mener la contre-offensive dans ce pays » (dixit Cambadélis) estimé à 500 personnes. « Si j’assume cette loi travail, ajoute Valls, ce n’est pas par entêtement, ce n’est pas une posture » mais « dans l’intérêt des Français ». « La démocratie, ce n’est pas la rue ! La démocratie c’est le vote ! C’est la démocratie sociale dans l’entreprise ! » insiste-t-il, défendant là la primauté des accords d’entreprises sur les accords de branches. « Assez de raccourcis ! Assez de caricatures ! martèle Valls avant d’entamer une longue tirade en défense des mesures de « protection sociales » prises depuis 2012. « Il y en a qui ont peur de la démocratie et de la confrontation avec les salariés ».

La droite et Mélenchon attaqués

Pour mieux situer son gouvernement sur l’échiquier politique, il y en a d’abord beaucoup pour la droite. Valls accuse le camp d’en face de vouloir, en 2017, détruire le « modèle social » après avoir, de 2002 à 2012, « laissé une France en mauvais état ». Cambadélis acquiesce. « Oui, au secours la droite revient… Mais aujourd’hui, elle prévient ! plaisante Cambadélis. Et elle le fait au Sénat ! » « Exit les 35 heures, […] exit le compte pénibilité […] Au fond, avec la droite, c’est exit le progrès », ajoute le chef du PS. Avant lui, El Khomri avait rappelé que les sénateurs LR s’apprêtaient la semaine prochaine à supprimer le « droit universel à la formation », le compte personnel d’activité, la généralisation de la Garantie Jeunes. Stéphane Le Foll avait, lui, fait les comptes : « François Fillon, c’est 110 milliards d’économies, Alain Juppé, c’est 100 milliards […] Nicolas Sarkozy, c’est la même chose ».

D’un côté, souligne Cambadélis, une droite en plein « concours Lépine des mesures libérales et un concours Le Pen des mesures identitaires », et de l’autre une gauche « mélenchonisée », « condamn(ée) à (se) marginaliser ». « La gauche aussi est très douée pour l’autodénigrement », lance El Khomri, attaquant au passage Jean-Luc Mélenchon qui n’a « pas le monopole de la gauche ». A l’extérieur de la salle, une bonne centaine de manifestants s’étaient donné rendez-vous, drapeaux CGT et bannière anti-loi travail déployés, à la sortie de la station de métro Cour Saint-Emilion mais vite bloqués par la police. « Ces gens qui aujourd’hui manifestent contre nous, où étaient-ils quand il y avait des régressions aussi fortes ? » interpelle Le Foll. Valls choisit lui de viser l’aile gauche de son parti : « La division nous a tous fait du mal, nous a séparés des Français citoyens, insiste le Premier ministre. Je n’accepte pas tous ces procès en trahison de la gauche, tous ces anathèmes […] à un moment où nous devons être forts ».

Paris, 8 juin 2016. Manifestation à proximité du lieu de la rencontre. Salon de l’Aveyron. Sur invitation, réunion de soutien à la loi travail de Myriam El Khomri, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social.

Cour Saint Emilion, mercredi soir. Photo Marc Chaumeil pour Libération

Et le Premier ministre d’en appeler, au passage, à la « clarification » à gauche qu’il réclame depuis des années. « Nous sommes en train de démontrer avec constance et dans la durée […] et dans une période difficile […] que notre voie est juste, équilibrée, efficace. Il s’agit bien d’une clarification », souligne le chef du gouvernement souhaitant voir son camp (« la gauche », il ne dit pas le PS) être, à l’avenir, une « force centrale ». Valls plaide pour une gauche qui forge la « société du contrat ». Elle utilise pourtant le 49.3.


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