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Privert…de facto

mercredi 15 juin 2016

Le mandat de 120 jours du président Jocelerme Privert a expiré le mardi 14 juin 2016. Sa mission, transmettre le pouvoir à un président élu, n’est pas accomplie. L’assemblée nationale, conformément à l’accord politique du 5 février 2015, décidera de renouveler sa confiance à Jocelerme Privert ou à une autre personnalité pour assister le CEP dans l’organisation de l’élection présidentielle, celles pour le reste des législatives et les Casec, Asec.

Au Bicentenaire, parmi ses ex-collègues parlementaires, Jocelerme Privert a perdu quelques soutiens à cause de sa détermination, avec le support d’acteurs politiques, de la société civile, à jeter une lumière crue sur ces élections fabriquées à coups de dizaines de millions de dollars américains pour des zombis et ou des mandataires ATM, payés 1000 gourdes, capables de voter à plusieurs reprises, grâce à la complicité des membres de BV.

Pour mettre en place la CIEVE dont le rapport a quelque peu éclaboussé le CEP de Pierre-Louis Opont, des partenaires internationaux, Privert ne s’est pas mis à dos que des parlementaires. Il ne compte plus autant « d’amis » qu’avant au sein de la communauté internationale. Le désormais président de facto qui a défié le « Blanc », caressé dans le sens du poil des députés mal élu, le temps où il lorgnait le fauteuil présidentiel, compte cependant des alliés au Parlement qui militent pour le prolongement et non le chambardement.

La bataille sera rude. Rien n’est joué. C’est la surenchère pour trouver des appuis face à Phtk, Bouclier, Kid et alliés qui ont déjà chanté l’enterrement de la présidence de Jocelerme Privert qui ne se fait jamais prier pour raconter l’état lamentable des finances publiques, lourd héritage de l’administration Tèt Kale. Contre Privert, il y a "l’effet Léger". Les décisions hâtives, sans aucune base juridique du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Jean Danton Léger, a fini par fédérer des pontes de l’ancien régime, justes dans la dénonciation des dérives du chef du parquet qui a filé des interdictions de départ à tour de bras avant de les annuler avec légèreté et une déconcertante facilité. Il aura été très léger dans du lourd, M Léger.

Si Jean Danton Léger, irritant pour certains, héros pour d’autres, semble brûler du désir que des hauts fonctionnaires de l’Etat rendent des comptes, la Cour des comptes rase les murs, s’est emmurée dans un silence assourdissant ainsi que l’UCREF et l’ULCC. Les structures organisées de la société civile, elles non plus, ne battent pas la nécessaire grosse caisse de la reddition de comptes, sans vengeance, sans instrumentalisation des institutions légales et constitutionnelles préposées à cet effet. Pour le moment, après le couvre-feu « bridsoukou » de lundi soir, la marche annulée des opposants de Jocelerme Privert, le président de facto parait jouir de l’appui d’une partie de l’opinion, par dépit pour l’instabilité, le désordre . Privert n’est le chouchou de personne. Il est l’objet d’un espoir précaire. Il n’est pas un pont mais juste un passage à gué pour traverser la rivière de nos problèmes.

Proche de Lavalas, soupçonné par certains de rouler pour Jude Célestin, Jocelerme Privert, devra être confirmé par l’Assemblée nationale et ou par un nouvel accord politique. Lequel accord devra impérativement avoir le parrainage de la communauté internationale et un appui large du secteur des affaires, de la société civile. Le temps presse. Et les communiqués couperet n’arrangeront rien à la situation. Le mieux serait d’avoir des élections acceptables, fiables et, à défaut d’un leader charismatique, le jeu des bonnes alliances pour qu’il y ait un affrontement entre quelques candidats bien adoubés, supportés par un leadership collectif.

Cela dit, rien ne garantit, qu’avec le déficit de valeur démocratique de nos politiques, il n’y aura pas de nouvelles contestations. Mais, « repasser au plus vite devant le peuple », le souverain, demeure la moins mauvaise des solutions à nos maux. Il reste, de l’autre côté, l’option de la valse des présidents provisoires, des cabinets que l’on monte, que l’on démonte. Il reste aussi ce pays qui s’enlise dans la misère en attendant les dégâts dans le Nord et dans l’Ouest de tremblement de terre, comme pour rappeler l’urgence de se concentrer sur l’essentiel…

AUTEUR

Roberson Alphonse

robersonalphonse@lenouvelliste.com


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