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Privert, Martelly, l’aéroport Toussaint Louverture… et les millions

lundi 6 juin 2016

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Tous les contrats, avec les visas de la Commission nationale de marché public (CNMP), de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA) et des ministres concernés, ont été signés sous l’administration Martelly-Paul pour la (re) construction de l’aéroport international Toussaint Louverture. Mais le paiement, sans la retenue de 2 % de 43, 402 500.00 dollars, soit 15 % des 289 350 000.00 dollars pour la construction de ce qui sera un nouvel aéroport a été effectué récemment, il y a moins de deux semaines, sur ordre de l’administration Privert-Jean-Charles, a appris le journal qui continue de creuser ce méga chantier et a obtenu des précisions et recueilli d’autres commentaires sur ce dossier.

L’État haïtien, en pleine saison de vaches maigres, a fait cet apport de 43 millions de dollars pour obtenir, dit-on, un prêt de 245 947 500.00 dollars auprès de l’une des plus grandes banques chinoises, Industrial and Commercial Bank of China (ICBC). « Pour le paiement, l’État haïtien a utilisé environ 22 millions de dollars disponibles sur un compte ouvert à la Banque Nationale de Crédit (BNC) alimenté par les 30 dollars additionnels payés par chaque passager au titre de la taxe de départ (55 dollars au total). La différence a été apportée par la BNC à travers un crédit-relais », a expliqué cette source, soulignant que la lettre du Ministère des Travaux publics, Transports et Communications (MTPTC) à l’Autorité aéroportuaire nationale (AAN), en date du 26 janvier 2016, a été faite pour le paiement de l’avance de démarrage de 15%.

Une lettre de l’AAN au Ministère de l’Economie et des Finances (MEF), approuvée par le MTPTC en date du 29 janvier 2016, demandait le paiement de l’avance de démarrage. Il y a un contrat pour la construction de l’ouvrage entre le MTPTC, l’AAN et la compagnie chinoise CACS. Le contrat a été approuvé par la CSCCA. Il y a aussi un autre accord, entre le MEF, le MTPTC, l’AAN et la BNC pour la gestion financière du projet, a révélé cette source au journal, qui met en avant le principe de continuité de l’État dans ce dossier.

« Le président Martelly et le président Privert ont compris l’importance de ce projet pour le pays », a expliqué cette source, mettant en avant la continuité de l’Etat dans ce dossier. En principe, selon le contrat signé avec l’État haïtien sous Michel Martelly, il est prévu que ce chantier ne saurait être confié à une autre compagnie. Les Chinois apportent le gros du financement, mais gardent l’intégralité de l’exécution du contrat.

Le projet comporte la construction d’un terminal de 28 000 m2 entièrement équipé, la mise en opération de cinq bridges avec des commodités pour faciliter l’embarquement et le débarquement de deux avions. Il est prévu plusieurs voies de circulation, dont une, un taxiway, parallèle à la piste de 43 mètres de largeur. Il y aura un parking de 3 500 m2, des espaces de stationnement pour avions, un hangar pour hélicoptère, un espace garage pour la réparation des aéronefs, quatre salons VIP, un salon diplomatique, 600 m2 de restaurants, des espaces de congélation, a expliqué une autre source au journal, estimant qu’il y a là une opportunité à saisir, même s’il y a des experts du secteur qui restent sceptiques, compte tenu du nombre limité des voyageurs à fréquenter l’aéroport.

« Par rapport au trafic, moins de 1,5 million de passagers par an, il y a des probabilités importantes que cette infrastructure soit un éléphant blanc », a expliqué l’un d’eux. De plus, on ne voit pas ce qu’Haïti va s’offrir pour près de trois cent millions de dollars. C’est cher, très cher payé », selon cet expert.

Pour une autre source, favorable au projet, le trafic actuel est autour de 1,4 million de passagers l’an. Mais des études indiquent qu’en 2018, avec la construction de l’aéroport, le trafic pourrait passer à 2,5 millions de passagers l’an. Il est prévu que l’aéroport recevra 22 000 vols par an et 1 009 passagers en même temps pendant les heures de pointe.

Le financement de l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) offre trois ans de grâce par rapport au plan de remboursement du crédit, a expliqué une autre source proche du dossier. L’État continuera à percevoir la « taxe passager » de 55 dollars avec 12.5 dollars pour l’OFNAC, 12,5 dollars pour l’AAN et 30 dollars pour la construction de l’aéroport.

La piste ne relève pas des Chinois. La BID a mis un financement à la disposition de l’État pour des travaux. Actuellement, deux compagnies, une haïtienne et une française, réalisent des travaux. Après le tremblement terre du 12 janvier 2010, l’administration Martelly avait avalisé les travaux de réhabilitation de l’aéroport pour plus de dix millions de dollars. A la veille de 2004, l’administration Jean-Bertrand Aristide avait déjà réalisé des travaux importants.

La grande faiblesse de l’aéroport de Port-au-Prince, qu’il se nomme François Duvalier comme lors de son inauguration dans les années soixante ou aujourd’hui Toussaint Louverture, demeure le trafic passager qui est tributaire de l’image du pays. Pas de stabilité, pas de touristes, pas de visiteurs, pas de déplacement des Haïtiens, pas de trafic important. Quelle que soit la beauté de l’aéroport, a souligné un observateur, hier tour opérateur. Il faut voir les infrastructures dans un tout. Et ce tout, c’est le développement économique du pays, a-t-il dit.

AUTEUR

Roberson Alphonse


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