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Les temps sont durs

mardi 28 juin 2016

Des gens qui croyaient avoir gagné en trichant semblent vouloir semer la peur. Qui d’autre sinon eux ? Pour montrer quoi ? Qu’ils géraient mieux les affaires publiques ? Que c’était plus calme ? Mais cette violence ne montre rien sinon la panique de ceux qui craignent des enquêtes, des jugements, des condamnations. Et que, peut-être, nombreux sont ceux qui veulent s’opposer à l’inévitable : la tenue de véritables élections.

Les temps sont durs.

Pour les jeunes qui soumettent leur savoir incertain, acquis dans des conditions incertaines pour la plupart, à l’épreuve du baccalauréat. Durant le week-end des fonctionnaires ont travaillé comme des damnés pour que tout soit près, mais aussi pour corriger de multiples erreurs : fiches manquantes pour de nombreux candidats et autres catastrophes administratives. Saluer la diligence mais aussi se demander pourquoi et comment autant de problèmes d’ordre administratif. Et le climat du pays, et le spectacle du triomphe quotidien de l’inculture et de la réussite illicite, et, autre face du même problème, des portes fermées au savoir et au talent parce qu’ils ne sont pas du « bon milieu ». Pourquoi apprendre où règnent le vice et la ségrégation ?

Les temps sont durs.

Les fumeurs qui se croyaient épargnés par la hausse des prix rejoignent le lot des consommateurs inquiets. Tout est cher. Non, c’est mal dit : tout coûte trop cher. La vie monte trop haut pour les revenus, quand il y en a et condamne à l’arnaque ou à l’abstinence. L’abstinence, la majorité connaît déjà. C’est une chose dont, sans crever, elle ne peut augmenter la dose. L’arnaque, tous n’ont pas le talent ou le sans-gêne.

Les temps sont durs.

Pour ceux qui aiment le loisir et le génie, on ne verra plus Lionel Messi porter les couleurs de l’Argentine. On lui a trop souvent reproché la maladresse de ceux à qui il offrait des caviars. Les plus bêtes ou les plus ignorants – ce sont souvent les mêmes : n’oublions pas combien l’ignorance est méchante – lui reprocheront peut-être d’avoir manqué un penalty dans une séance de tirs au but en oubliant que Maradona en avait raté un et avait été sauvé par les siens en phase d’élimination directe de Coupe du monde, en banalisant le fait qu’il a marqué plus que tous pour cette équipe qu’il a portée pendant dix ans. Même les génies sont des humains et peuvent dire un jour : « j’en ai marre ».

Les temps sont durs.

Rien n’est beau. Rien n’est clair.
Et ce n’est pas encore la saison des cyclones.

AUTEUR

Antoine Lyonel Trouillot

zomangay@hotmail.com

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