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De l’enfer au TPS L’église

jeudi 18 août 2016

« Haitian Methodist Ministry of San Diego » est devenue, depuis quatre mois environ, un pied-à-terre pour des milliers d’Haïtiens qui traversent l’Amérique latine et centrale, cherchant à démarrer une nouvelle vie aux Etats-Unis. -

L’espérance des dizaines d’Haïtiens sans papiers qui arrivent chaque jour à San Diego depuis fin avril se résume en ces trois lettres : TPS. Temporary Protected Status, en anglais. Selon ce qui est inscrit sur le site web des Services américains de la citoyenneté et de l’immigration (USCIS, en anglais), le TPS est un statut d’immigration accordé, selon la loi d’immigration et de nationalité [Immigration and Nationality Act ou INA], aux ressortissants qualifiés d’un pays désigné pour le TPS (ou pour les apatrides qui résidaient en dernier lieu de manière permanente dans le pays désigné). Durant la période de désignation du TPS, les bénéficiaires du TPS peuvent demeurer aux États-Unis et obtenir une documentation de permis de travail, tant qu’ils continuent à satisfaire les termes et conditions de leur statut de TPS. Les bénéficiaires du TPS peuvent aussi recevoir une autorisation de déplacement, selon discrétion.

Pour l’immense majorité des migrants haïtiens, dont beaucoup vivaient au Brésil, et qui fuient Haïti comme la peste, c’est du pain bénit. Pas un seul des migrants interrogés deux mois plus tôt, rapporte The San Diego Union Tribune, n’a évoqué le souhait de revenir en Haïti. Ces derniers avancent des conditions économiques désastreuses et des opportunités de plus en plus rares, même pour la classe moyenne haïtienne traditionnellement bien éduquée.

Depuis peu, l’immigration américaine ne refoule plus les Haïtiens une fois que ces derniers ont foulé le sol américain. Les autorités américaines leur accordent le fameux TPS qui les habilite à comparaître devant un juge de l’immigration mais qui les habilite aussi à demeurer aux États-Unis en attendant qu’on décide sur leur sort. Ils ont un sursis de trois ans environ.

Une fois relâchés, ils passent quelques jours à l’église « Haitian Methodist Ministry of San Diego » que dirige le pasteur Jean Elise Durandisse, qui a gracieusement mis à leur disposition l’enceinte de son église, et puis, l’écrasante majorité d’entre eux s’envolent vers la Floride ou d’autres États, où des membres de leur famille les attendent, et où une communauté haïtienne établie dispose d’assez de ressources pour faciliter leur transition ainsi que leur intégration.

Munis de leur TPS, ils peuvent, selon l’USCIS, faire une demande de statut de non-immigration, une demande d’ajustement de statut sur la base d’une demande d’immigration ou déposer une demande de tout autre avantage d’immigration ou de protection pour laquelle ils peuvent être qualifiés. Toutefois, l’USCIS précise que le TPS est un avantage temporaire qui n’amène pas au statut légal permanent de résident, et n’accorde aucun autre statut d’immigration.

Par ailleurs, poursuit l’USCIS, une demande de TPS n’affecte pas une demande d’asile ou tout autre avantage d’immigration et vice-versa. Si l’asile est l’une des voies à la résidence légale, beaucoup des personnes interrogées par The San Diego Union Tribune disent qu’ils ont fui la pauvreté, pas la persécution. Selon les dernières statistiques du ministère de la Sécurité intérieure des États-Unis, citées par la publication californienne, 486 Haïtiens ont obtenu l’asile pour l’exercice 2014. 440 l’ont obtenu en 2013 et 632 en 2012.

Des chiffres nettement inférieurs à la quantité sans cesse croissante d’Haïtiens qui arrivent chaque jour à San Diego sans documents appropriés pour entrer sur le sol américain. D’octobre à la fin du mois de mai, 1 484 Haïtiens se sont eux-mêmes livrés aux autorités douanières des États-Unis et de la protection des frontières à San Diego - un nombre qui n’est dépassé que par les Mexicains et les Guatémaltèques.

Par ailleurs, le pasteur Durandisse a déclaré au journal qu’il n’a commencé à recevoir des migrants haïtiens dans son église qu’à la fin du mois d’avril. En l’espace de ces quatre mois, il a déjà reçu plus de 2 000 Haïtiens qu’il a aidés à mettre en contact avec des membres de leur famille. Quelque 200 d’entre eux qui n’ont personne, aucune famille résidant dans le pays, sont encore logés à l’intérieur de l’église. En attendant, le pasteur haïtien, à la tête de ce ministère depuis 2009, leur offre gîte et couvert.

Certains des migrants haïtiens sont en liberté conditionnelle, rapporte The San Diego Union Tribune, tandis que d’autres sont tenus de porter des bracelets électroniques, équipés d’un GPS, à leur cheville pour permettre aux autorités de surveiller leurs mouvements et de veiller à ce qu’ils comparaissent aux rendez-vous et aux dates d’audience.

Sources combinées

AUTEUR

Patrick Saint-Pré

sppatrick@lenouvelliste.com


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