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« Au lieu de la rapiécer et la rafistoler mieux vaut avoir une autre Constitution », selon Mirlande Manigat

lundi 3 avril 2017

National -
La commission de réforme constitutionnelle a lancé officiellement ses activités mercredi soir. Les commissaires promettent de consulter tous les secteurs de la vie nationale avant de formuler leurs propositions à la fin de la cinquantième législature.

Entre-temps, la constitutionnaliste Mirlande Hyppolite Manigat s’est clairement exprimée en faveur d’une autre Constitution. « Je suis personnellement favorable à une nouvelle Constitution », a-t-elle réitéré jeudi matin sur les ondes de Radio Magik.

N’ayant rien contre l’amendement qui est en soi, selon elle, une démarche naturelle, Mirlande H. Manigat estime que par rapport au nombre d’amendements nécessaires, il serait préférable d’aller aux questions de fond. En 2011, les députés et les sénateurs ont apporté cent quatre amendements dans la Constitution.

Une Constitution ne peut pas avoir 104 amendements, dit celle qui croit que ces amendements ont entraîné plus de problèmes qu’ils n’en ont résolus. « Au lieu de la rapiécer et la rafistoler mieux vaut avoir une autre Constitution », a soutenu Mirlande Manigat tout en affirmant que certains acquis doivent être cependant maintenus.

La professeure de droit constitutionnel exige la participation du plus grand nombre de citoyens possibles dans cette tâche. « Une Constitution n’est pas l’affaire d’un groupe de personnes ni du gouvernement. C’est l’affaire de la nation. Il faut que tous les citoyens ou du moins une bonne partie de la population donnent leurs points de vue », défend Mirlande Hyppolite Manigat.

Dans le débat sur la Constitution, certains estiment qu’il n’y a pas suffisamment de place pour les collectivités territoriales. D’autres s’opposent au poste de Premier ministre en proposant un régime absolument présidentiel avec un président et un vice-président. « C’est à considérer », selon l’ancienne première dame qui vient de publier un nouvel ouvrage sur la Constitution.
La position de ceux qui ne sont pas favorables à l’existence de deux chambres doit être également prise en compte, dit-elle. Confronter les idées et discuter les propositions est, selon Mirlande Manigat, la meilleure formule. Elle croit qu’on n’aura pas besoin de soixante constituants comme en 1987. Certains analystes politiques et hommes de loi pensent, certaines dispositions insérées dans la Constitution ont rendu son application difficile, voire impossible.
« La Constitution est fille de son temps. Chaque Constitution répond à un besoin, aux attentes de la population et à ce qui paraît moderne et fonctionnel », avance Mirlande Hyppolite Manigat pour prendre le contrepied de ces derniers. Il faut savoir dans quel contexte la Constitution a été adoptée, dit-elle.

En 1987, les constituants ont tenu compte des aspirations de la population qui ne voulait plus jamais revenir au régime dictatorial.

Par rapport à la gestion de la chose publique, le président de la République, dans la Constitution de 1987, est mineur. Il n’a pas de comptes à rendre. Là aussi, c’était en réaction à l’ancien régime ou le président disposait de tous les pouvoirs, explique Mirlande Hyppolite Manigat qui, aujourd’hui, croit que les choses doivent changer et que le président doit rendre compte.


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