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Après le vote, il faut savoir attendre

mardi 22 novembre 2016

Le premier constat à faire au sujet de la journée du 20 novembre 2016 est que les élections ont bel et bien eu lieu. Sans incident grave. Sans acte de violence handicapant. Sans intempéries majeures. Sans désorganisation générale. Sans grande foule, non plus. Moins du quart de l’électorat, selon les observateurs nationaux.

Si Clarens Renois, un des 27 candidats, a, dans une déclaration postée sur son compte Facebook, remercié ses électeurs et apostrophé « …ceux qui seront appelés à aller plus loin, et plus tard à la direction du pays (à) s’engager à préserver la dignité du peuple haïtien et l’unité et la souveraineté de la nation », personne n’a encore reconnu formellement sa défaite. Même ceux qui, au départ, n’avaient aucune chance de remporter le scrutin.
Après les discours d’adieu d’Hillary Clinton et de Nicolas Sarkozy entendus en ce mois de novembre pour clore des élections sous d’autres cieux, il était permis d’espérer que les perdants de chez nous allaient afficher autant de classe. Qu’au moins une vingtaine des candidats à la présidence et qu’une centaine de ceux qui concouraient pour un poste de sénateur ou de député allaient dire « Merci et au revoir ».

Le miracle, celui de la décence, n’aura pas lieu.
Dieu seul sait combien de candidats espèraient ce lundi que l’élection du 20 novembre se termine dans une impasse pour que l’on recommence la partie encore une fois.

La vigilance est de mise pour la suite.
Bien entendu, la journée de vote n’est qu’une étape du processus électoral. L’élection ne fait que commencer. Après la fermeture des bureaux de vote dimanche après-midi, il reste le dépouillement des bulletins, le transport des procès-verbaux, la tabulation, les contestations, les recours devant le BCEN et le BCED et enfin la proclamation des résultats.

Est-ce en sachant que bien de choses peuvent se produire entre le dimanche 20 novembre et la proclamation des résultats que la porte-parole du Conseil électoral a jugé bon lundi de publier la supplique suivante du CEP ?

« Nous prions la population de ne croire ni de ne transmettre aucun pseudo- résultat, même partiel qui lui serait parvenu. Le CTV est la seule instance mandatée et ayant les moyens de publier les résultats. Le processus de récupération des PV des différents départements ne lui permet pas encore de le faire. Donc, aucun résultat circulant sur le Net ou les réseaux sociaux n’est attribuable au CEP. »

Cette mise au point est nécessaire, car si des candidats sans aucune chance de gagner refusent de reconnaître leur défaite, d’autres ayant des chances de remporter le scrutin diffusent depuis dimanche soir leur avis de victoire en contradiction avec les prescrits du décret régissant les élections.
Là encore, le miracle, celui de la retenue, n’a pas eu lieu.

Jocelerme Privert, le président sortant avait prescrit aux compétiteurs de la course électorale « de gagner sans fanfaronnade et de perdre avec respect », il y a peu de chance qu’il soit entendu. Si la tendance se maintient, on s’apprête à perdre avec fanfaronnade et à gagner sans respect pour le pays, dans la plus pure tradition haïtienne.

En 2016, instruits des leçons du passé, nous n’avons pourtant jamais autant eu besoin de calme et de sérénité pour avancer avec notre fragile processus démocratique en construction.

Frantz Duval

duval@lenouvelliste.com


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