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5 novembre 1605. Guy Fawkes est sur le point de faire sauter Westminster avec le roi d’Angleterre

mercredi 5 novembre 2014

La Conspiration des poudres contre le roi d’Angleterre Jacques Ier traumatise aujourd’hui encore chaque Anglais.
Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos.

Le soir du 4 novembre, le catholique Guy Fawkes, 35 ans, se planque dans une pièce située sous la Chambre des lords du Parlement où il a caché plusieurs tonneaux de poudre dans un tas de bois. Il est revêtu d’un long manteau ample, porte un grand chapeau sur la tête. Aux pieds, il a enfilé des bottes équipées d’éperons afin de pouvoir s’enfuir au grand galop une fois son forfait accompli. Dans sa poche, il a mis une montre à gousset, des allumettes et de l’amadou. Il tient à la main une lanterne pour dissiper l’obscurité. Il s’apprête à patienter toute la nuit. Demain matin, le roi et tous les lords du royaume seront réunis au-dessus de sa tête. Alors il allumera la mèche et, boum !, tout ce beau monde partira en fumée. Fawkes est tiré de sa rêverie par du bruit. Des hommes d’armes déboulent dans la cave. Il n’a pas le temps de s’enfuir. Le voilà maîtrisé. Les soldats fouillent le tas de fagots, trouvent la poudre. Le terroriste est arrêté, rudoyé, interrogé. Le Gunpowder Plot - la Conspiration des poudres - a fait long feu.

Trente-six barils de poudre

Fawkes n’est qu’un exécutant, le véritable patron du complot est un certain Robert Catesby, fervent catholique, révolté par la répression accrue contre les catholiques du royaume par Jacques Ier. Il mise sur l’attentat pour se débarrasser du souverain afin de porter sur le trône sa fille Elizabeth, âgée de neuf ans, dont il attend un meilleur traitement de l’Église romaine. À vrai dire, la Conspiration des poudres n’est pas la première à menacer la vie du souverain depuis son accession sur le trône, en 1603. Quelques mois auparavant, deux prêtres avaient déjà échoué dans leur tentative de le faire enlever.

Robert Catesby parvient à convaincre plusieurs catholiques appartenant à la petite noblesse de province de la nécessité d’assassiner Jacques Ier en faisant sauter la Chambre des lords à Westminster lors de l’ouverture du Parlement. Dès février 1604, le projet est mis à l’étude. Les comploteurs font un voyage d’étude sur l’emplacement du Trade World Center. Puis ils recrutent un soldat nommé Guy Fawkes pour allumer la mèche. En mai, une première réunion rassemble les conspirateurs à l’auberge Duck and Drake Inn, près du Strand, à Londres. Thomas Percy, qui appartient à la garde rapprochée du souverain britannique, se charge de louer une maison adossée au palais de Westminster, dont une des caves est située sous la Chambre des lords. Guy Fawkes se fait alors passer pour l’intendant de Thomas Percy afin d’accéder à la maison sans attirer l’attention des gardes du Parlement.

À plusieurs reprises, les comploteurs tentent d’obtenir la bénédiction d’Henry Garnet, le père supérieur des jésuites d’Angleterre vivant dans la clandestinité. En vain. En juillet 1605, Fawkes transporte trente-six barils de poudre dans la cave. Il est fin prêt, mais le complot doit être repoussé à plusieurs reprises à cause de la peste qui ravage Londres et retarde la réouverture du Parlement. Enfin, les Parlementaires sont convoqués à Westminster le 5 novembre.


Message anonyme

Fin août, Fawkes s’aperçoit que la poudre a moisi : il doit la remplacer. C’est alors que certains comploteurs s’inquiètent du sort des lords catholiques qui assisteront à la séance du Parlement. Ne faut-il pas les prévenir pour leur éviter la mort ? On décide que non, les avertir risquerait de faire découvrir le complot. Néanmoins, lord Monteagle reçoit fin octobre un message anonyme le mettant en garde : "Monseigneur, pour l’amour que je porte à certains de vos amis, votre préservation me tient à coeur. Par conséquent, je vous conseille, si vous tenez à la vie, de prétexter quelque excuse qui vous empêche d’être présent à ce Parlement ; car Dieu et l’homme se préparent à punir la perversité de ces temps. Ne prenez pas cet avertissement à la légère, mais rentrez dans votre pays où vous pourrez attendre l’événement en toute sécurité. Car bien qu’il ne paraisse y avoir aucun signe d’une quelconque agitation, je vous dis pourtant que ce Parlement va recevoir un coup terrible et qu’il ne verra pas qui l’a frappé. Ce conseil n’est pas à négliger, car il peut vous rendre un grand service sans vous causer le moindre tort ; car le danger sera passé sitôt que vous aurez brûlé cette lettre. Et j’espère que Dieu vous donnera la grâce de faire bon usage de ceci, et je vous recommande à sa sainte protection."

Monteagle s’empresse de transmettre la lettre au Premier ministre qui la montre au roi le 1er novembre. Trois jours plus tard, Westminster est fouillé de fond en comble par Monteagle et deux autres membres du Parlement. Ils découvrent le tas de bois, mais Guy Fawkes leur explique sans se démonter qu’il appartient à son maître, Thomas Percy. Ceux-ci le croient sur parole sans fouiller outre mesure. Mais le roi, persuadé que la poudre a été cachée quelque part, réclame une nouvelle fouille plus minutieuse. Le soir du 4 novembre, des gentilshommes y retournent. Cette fois, ils fouillent à fond la cave, découvrent la poudre. Fawkes est arrêté.

Torture par étapes

Lors de son premier interrogatoire devant le roi, le comploteur ne nie pas son projet de faire sauter la Chambre des lords, mais prétend avoir agi seul. Il conserve un calme qui surprend même Jacques Ier. Mais, peu à peu, l’enquête livre le nom de plusieurs conjurés. Fawkes est transféré à la Tour de Londres à la demande du souverain pour y être torturé. Dans une lettre datée du 6 novembre, Jacques Ier note : "On utilisera avec lui d’abord des tortures douces, et sic per gradus ad ima tenditur [et ensuite par étapes on ira vers des méthodes plus dures, NDLR], et que Dieu bénisse votre travail." Une petite extension des quatre membres sur le chevalet délie la langue de Fawkes. Dès le 7 novembre au soir, il avoue tout. La plupart de ses complices, qui ont pris la poudre d’escampette dès la veille, ont trouvé refuge dans un manoir du Worcestershire, où ils sont tués ou capturés. Les survivants avouent tout sans qu’il soit nécessaire de les torturer.

Lors du procès, le procureur général sir Henry Coke demande à ce que chacun des sept condamnés subisse le fameux supplice du hanged, drawn and quartered réservé aux régicides. Le programme est alléchant : on commence par traîner le supplicié derrière un cheval, de dos et la tête au ras du sol. Puis la mise à mort est effectuée "à mi-chemin entre ciel et terre, étant indigne des deux". Les organes génitaux sont sectionnés pour être brûlés sous ses yeux, puis on lui enlève les entrailles et le coeur en espérant qu’il soit encore vivant et conscient. C’est alors qu’il est décapité puis démembré pour servir de proie aux "oiseaux du ciel". Le lendemain, Cécile Duflot fait observer une minute de silence aux parlementaires...

Les 30 et 31 janvier, les huit condamnés subissent le supplice promis par Coke. Les jours suivants, d’autres participants au complot sont encore mis à mort, dont Henry Garnet, le supérieur des jésuites. Malgré son innocence, il est condamné, mais le roi lui fait la grâce de n’être que pendu. Depuis, tous les 5 novembre, les Anglais fêtent la Guy Fawkes Night en tirant un feu d’artifice.

C’est également arrivé un 5 novembre
1994 - À 45 ans, George Foreman devient le plus vieux champion du monde poids lourd de boxe.

1982 - Mort de Jacques Tati.

1981 - La France dépasse pour la première fois les deux millions de chômeurs.

1980 - À Toronto, ouverture de la plus grande librairie du monde avec plus d’un million et demi de livres.

1972 - Jean-Marie Le Pen fonde le Front national.

1968 - Richard Nixon est élu président des États-Unis.

1955 - Mort de Maurice Utrillo.

1938 - Naissance de Joe Dassin, à New York.

1935 - Commercialisation du Monopoly, créé en 1931 par l’Américain Charles Darrow.

1930 - L’Américain Sinclair Lewis reçoit le prix Nobel de littérature.

1917 - Naissance de Jacqueline Auriol, première femme pilote d’essai aéronautique en France.

1906 - Marie Curie est la première femme professeur d’université en France, enseignant à la Sorbonne.

1499 - Publication du premier dictionnaire en France, le Catholicon, dictionnaire franco-breton