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4 septembre 1886. À 57 ans, Geronimo finit par enterrer la hache de guerre, berné par la Maison-Blanche.

mercredi 3 septembre 2014

Vingt-trois ans après sa reddition, le vieux guerrier chiricahua mourra en regrettant d’avoir cessé le combat.

Le 4 septembre 1886, quand Geronimo accepte d’enterrer définitivement la hache de guerre avec les Blancs, il affiche déjà 57 ans. Le vieux guerrier possède des centaines de combats à son actif. Ses victimes blanches se comptent par dizaines. Mais il l’a payé au prix fort : à deux reprises, sa famille a été massacrée. Autour de lui, des milliers de guerriers, de squaws et d’enfants sont tombés sous les balles de l’armée US. Il a tout vécu, tout enduré, sauf un concubinage avec Valérie Trierweiler...

Géronimo appartient à la tribu des Apache chiricahua commandée le fameux Cochise. Lui est un chaman, une homme-médecine, dont la vaillance au combat force le respect. Lorsqu’il nait en 1829, se parents le nomment Go Khla Yeh, "celui qui bâille", puis Guu Ji Ya, "l’astucieux". Son parrain Hollande préfère utiliser "sans dents"... Finalement, il reçoit le nom de Geronimo le jour où des Mexicains qu’il massacre, invoquent saint Jérôme (Geronimo). En 1858, retournant dans son village après une absence, il retrouve sa mère, son épouse et ses trois gosses décimés par la troupe mexicaine. Ce jour-là, il jure de tuer tous les Blancs croisant son chemin.
Massacres

Treize ans plus tard, après de nombreux combats et massacres, Cochise se résout à signer un accord de paix avec Washington. En échange, le grand chef blanc accepte que les Apaches restent sur leur terre ancestrale transformée en réserve. Mais que vaut la parole d’un locataire de la Maison-Blanche ? Cinq ans plus tard, les États-Unis déportent les Chiricahuas dans un horrible désert, à San Carlos. Au lieu d’accepter ce merveilleux cadeau avec le sourire, Geronimo, suivi de quelques compagnons, préfère s’enfuir. Sa vie n’est plus alors qu’une succession de guérillas, de massacres, de captures, d’évasions, et de pillages. Poutine a beau lui promettre de l’accueillir en Ukraine, le vieil indien refuse... Une fois, Géronimo laisse 22 soldats mexicains morts ; une autre fois, il hache menu 26 colons américains. Trois fois, il accepte de déposer les armes pour rejoindre la réserve indienne. Trois fois, il s’en échappe, incapable d’y vivre.

Le 17 mai 1885, le vieux chaman s’enfuit une dernière fois en compagnie de 35 guerriers et de 109 femmes et enfants pour retrouver la liberté d’antan. La petite troupe de renégats se cache dans des canyons mexicains d’où ils lancent des raids sanglants en Arizona et au Nouveau-Mexique. Washington, qui juge que la plaisanterie a assez duré, envoie une troupe de 5 000 hommes et de 500 auxiliaires indiens commandée par le général Crook. Rien que ça. En face, rappelons-le, il y a une trentaine de guerriers. Le général Miles commence par déporter les Chiricahuas de la réserve de San Carlos vers la Floride, où le climat humide est une catastrophe pour des Indiens habitués au désert. Durant seize mois, Geronimo échappe au ratissage des troupes US. Ses guerriers tuent 75 citoyens américains, 12 Apaches, 2 officiers, 8 soldats US et un nombre inconnu de Mexicains. De leur côté, les "renégats" perdent six hommes, deux garçons, deux femmes et un enfant.

Crédulité

En janvier 1886, acculés par l’armée américaine, les Chiricahuas acceptent de négocier. Le général Crook et Geronimo se rencontrent le 27 mars 1886. Un accord est trouvé : les Indiens acceptent en guise de punition un exil de deux ans, mais à condition d’être ensuite autorisés à retourner dans leur réserve . Seulement, Washington désavoue Crook, pas question que Geronimo s’en tire avec une peine d’exil. Du coup, le chef Nachite, Geronimo et 40 autres Apaches s’enfuient au Mexique. C’est reparti comme en quarante. Dégoûté, le général Crook démissionne, laissant la place au général Miles.

En juillet, la troupe US est sur les talons des "renégats" au Nouveau-Mexique. Geronimo et Nachite consentent à négocier avec le général Miles. Dans ses mémoires, le chaman raconte que ce dernier, au nom du président américain, lui promet de lui construire une maison, de lui clôturer beaucoup de terres, de lui donner du bétail, des chevaux, des mules et du matériel agricole, et même des hommes pour travailler sa terre à sa place. "Vous vivrez parmi votre tribu et votre famille. Si vous acceptez ce traité, vous verrez votre famille dans cinq jours."

Une fois de plus, Geronimo se montre crédule en acceptant le marché le 4 septembre 1886. Aucune des promesses ne sera tenue. Le vieil homme et ses compagnons sont expédiés en train au Texas pour y être jugés. Ils sont condamnés à être déportés à Fort Pickens, en Floride, où ils moisissent durant deux ans à travailler comme des esclaves à scier du bois. Ce n’est qu’en mai 1887 qu’ils retrouvent leurs familles sans le bétail et les terres promis. À croire que c’est Hollande qui est à la Maison-Blanche... Ils sont envoyés en Alabama pour travailler pour le gouvernement durant cinq longues années ! Plusieurs des compagnons de Geronimo se suicident avec leurs épouses.

"J’aurais dû me battre"

En 1904, les Apaches sont transférés à Fort Sill, en Oklahoma. C’est alors que le vieux combattant retourne totalement sa veste, comprenant peut-être qu’il n’y a plus aucun espoir de retour en arrière. Il se convertit au christianisme, écrit un livre souvenir qu’il vend à l’Exposition universelle de Saint-Louis. "Quand on me demanda la première fois de me rendre à l’Exposition universelle de Saint-Louis, je ne désirais pas m’y rendre. Plus tard, lorsqu’on me dit que j’y recevrais attention et protection, et que le président des États-Unis était d’accord, j’y consentis. Chaque dimanche, le président de l’Exposition me demandait de participer au Wild West Show. J’ai participé au concours de lasso devant le public. Il y avait de nombreuses autres tribus d’Indiens, là, et des gens étranges dont je n’avais jamais entendu parler. Je suis heureux de m’être rendu à l’Exposition. J’y ai vu de nombreuses choses intéressantes et j’ai beaucoup appris des hommes blancs. Ils appartiennent à un peuple doux et pacifique." Il écrit aussi : "J’ai été chauffé par le soleil, bercé par le vent, abrité par les arbres comme les autres enfants indiens. Je vivais paisiblement quand les gens ont commencé à dire du mal de moi. Maintenant, je peux bien manger, bien dormir et être heureux. Je peux me rendre partout avec une bonne sensation."

En février 1909, à l’âge de 79 ans, le vieux guerrier est envoyé au tapis par son cheval. Il passe la nuit allongé sur le sol, où il prend froid. Le 17 février, une pneumonie l’emporte. Ses dernières paroles sont pour son neveu : "J’aurais dû me battre jusqu’à être le dernier homme vivant." Montebourg qui passe par là, l’applaudit à tout rompre...


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