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24 ans après, la démocratie se cherche

mercredi 17 décembre 2014

Ce 16 décembre, Lavalas et ses alliés de circonstance ont célébré le 24e anniversaire des élections de 1990 à leur manière avec une manifestation de rue pour exiger le départ du président Michel Martelly du pouvoir. Si 24 ans de cela, Lavalas avait conquis le Palais national, aujourd’hui, il est interdit de manifester devant les ruines du bâtiment. Preuve que les temps ont bien changé.

En 24 ans, Lavalas a écrit l’histoire. Le mouvement traîne derrière lui un bilan loin des attentes du 16 décembre 1990. Avec des circonstances atténuantes, bien sûr. Même les pires ennemis du mouvement le reconnaîtront. Mais les leaders lavalas sont les artisans de l’échec de leur propre mouvement. Leur gestion calamiteuse de la chose publique leur a valu la perte du pouvoir.

24 ans après, Lavalas court après un pouvoir qu’il contrôlait de bas en haut, de la tête aux pieds. Si le leader lavalas, Jean-Bertrand Aristide, reste encore très populaire, il est difficile de dire ce que représente le mouvement sur le terrain. Surtout que le parti n’a participé à aucune élection depuis la perte du pouvoir en 2004. Exagère-t-on de dire que Lavalas, dans sa version actuelle, n’a jamais participé à aucune élection libre et démocratique ?

Le parti Fanmi lavalas, qui appelait en 2004 au respect du mandat de son leader en dépit de la situation qui prévalait dans le pays, appelle aujourd’hui au départ du président Michel Martelly du pouvoir à environ un an de la fin de son mandat. Contrairement à Aristide seconde version, le président Martelly cède à la pression. Il lâche son Premier ministre et le président du CSPJ, accepte de liquider le CEP et est prêt à négocier avec les protagonistes de la crise. Est-ce trop tard ? N’a-t-il pas assez donné ?

Les manifestations des derniers jours prouvent qu’une partie de l’opposition veut à tout prix le « rache manyòk ». A quelle fin ? Pour le bien du pays ? Par revanche ? Par peur des élections ? Quels partis de l’opposition veulent aller aux élections ? A Quel prix ?

24 ans après les élections honnêtes et démocratiques de 1990, la démocratie cherche sa voie en Haïti. Elle n’est pas la bienvenue ni dans l’opposition, ni chez le pouvoir. Ceux qui arrivent au pouvoir à travers les élections oublient qu’ils doivent le céder par le même moyen. Trop confortables dans les gouvernements de transition, certains partis qui se réclament de l’opposition veulent s’y cantonner toujours.

24 ans après, nous sommes à la case départ. La cohabitation entre les pouvoirs constitués de l’Etat se révèle difficile. L’alternance politique reste un concept vide de sens. Le pays ne se dote même pas encore d’institutions pouvant garantir la tenue des élections à intervalles réguliers. Chaque élection organisée est comme une première expérience. Entre-temps, notre dépendance vis-à-vis de l’internationale s’accentue. Derrière la plus petite décision, on soupçonne une main étrangère. Avec la formule : « Ote-toi que je m’y mette », on ne va pas laisser la zone de turbulences de si tôt.

AUTEUR

Jean Pharès Jérôme pjerome@lenouvelliste.com


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