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14 janvier 1986. Daniel Balavoine meurt à la place de Yann Arthus-Bertrand

mercredi 14 janvier 2015

À la demande de Thierry Sabine, le photographe cède sa place au chanteur à bord de l’hélico qui s’écrase sur une dune du Paris-Dakar.


Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Sur l’aéroport de Gao, Thierry Sabine vient trouver Yann Arthus-Bertrand qui couvre le Dakar comme photographe : "Y’a le chanteur qui vient avec moi dans l’hélicoptère, ça m’arrangerait si tu lui laisses la place." Le chanteur, c’est Balavoine, qui a rejoint la course pour une mission humanitaire. Yann, toujours serviable, accepte de céder sa place. Une bonne action est toujours récompensée, dit-on. Il y gagnera la vie, et le chanteur y perdra la sienne. La Terre y gagnera un ardent défenseur, le tiers-monde y perdra un fougueux militant. Horrible pied de nez du destin : l’auteur de L’Aziza n’est pas le seul, ce jour-là, à mourir pour un autre. L’envoyée spéciale du Journal du dimanche Nathalie Odent et le technicien radio (RTL) Jean-Paul Le Fur ont également gagné leur billet pour le paradis après les désistements de Patrick Chêne et d’un autre journaliste, Jean-Luc Roy, qui préfèrent prendre l’avion pour rallier directement Tombouctou. Le destin est un sacré farceur. Finalement, il n’y a que le pilote de l’Écureuil, François-Xavier Bagnoud, et le patron du Dakar, Thierry Sabine, qui n’ont pas volé leur place. Si on peut se permettre...

Le 14 janvier 1986, les concurrents s’élancent de Niamey pour la 14e journée de course. Le réveil a lieu à 4 heures du matin, car le programme du jour comprend 840 kilomètres de piste pour rallier Rharous, au Mali. La météo n’est pas terrible avec un léger vent de sable. Après avoir assisté au départ des concurrents, Sabine et Balavoine partent en avion pour Gao où ils retrouvent le gouverneur malien. Son aide est nécessaire pour faire débloquer les camions des "Paris du coeur" coincés par l’administration. Cette mission humanitaire est une idée conjointe de Sabine et de Balavoine, désireux de mettre à profit la logistique du Paris-Dakar pour distribuer du matériel agricole et des motopompes aux populations locales.

Balavoine déteste l’avion

Après la réunion, les deux hommes assistent au coup d’envoi d’une partie de football organisée dans le cadre du Paris-Dakar, puis retournent à l’aérodrome, où l’hélico de Sabine est prêt pour décoller avec Le Fur, Roy et Arthus-Bertrand. C’est à ce moment que le patron du rallye demande au photographe de céder sa place au chanteur. Yann accepte gentiment, imité par Roy, qui préfère également quitter l’Écureuil, vu la nuit qui tombe et la tempête de sable. Balavoine, qui déteste l’avion, finit par accepter l’invitation de Sabine. L’hélicoptère s’envole alors avec une place vide pour rejoindre l’arrivée de l’étape à 250 kilomètres de là. Comme les conditions de vol ne sont pas terribles, le pilote Bagnoud choisit sagement de suivre les méandres du fleuve Niger. Il se pose vers 18 h 10 à Gossi pour assister au départ d’une épreuve chronométrée.

Pas le temps de s’attarder, il reste encore 200 kilomètres à parcourir et l’hélico n’est pas équipé pour effectuer des vols de nuit. La situation est d’autant plus préoccupante que le vent de sable se renforce. Au moment de décoller, la journaliste Nathalie Odent surgit en demandant d’occuper la dernière place. Bonne idée ! Vers 19 heures, Bagnoud préfère se poser. Pas la peine de tenter le diable, même s’il ne reste qu’une vingtaine de kilomètres à parcourir. Une voiture en course s’approche. C’est celle de Pierre Lartigue et de Bernard Giroux. Sabine leur fait signe de s’arrêter pour leur demander, lorsqu’ils arriveront au bivouac, de leur faire envoyer un véhicule.

Incompréhension

Les cinq occupants de l’hélico n’ont plus qu’à patienter. Dans moins d’une heure, ils auront rejoint les concurrents et dormiront sous une tente. Mais Dieu n’en a pas voulu ainsi. Pour une raison qui reste inconnue, l’hélicoptère redécolle. Pourquoi cette prise de risque totalement inutile ? Aujourd’hui encore, personne n’a la réponse à cette question. Toutes les hypothèses ont été émises. Parce qu’on trouvera des bandes de gaze sur les lieux du drame, certains pensent qu’un scorpion ou un serpent aurait pu piquer un des passagers, nécessitant une intervention d’urgence. D’où le redécollage. Quoi qu’il en soit, l’appareil prend l’air pour suivre en rase-mottes les feux arrière de la voiture des concurrents Charles Belvèze et Jacquie Giroume. Après une quinzaine de kilomètres, à 19 h 20 très exactement, l’hélicoptère heurte le sommet d’une dune, ou bien celui d’un arbre solitaire.

Déséquilibré, l’hélico percute le sol en se désintégrant. Il ne restait que 5 minutes de vol pour atteindre le bivouac. Plusieurs concurrents assistent à l’explosion. Ils foncent jusqu’au bivouac pour prévenir les organisateurs qui n’arrivent pas à y croire. Sabine ne vient-il pas de leur faire demander un véhicule pour aller le chercher ? Il faut se rendre à l’évidence. Sabine est mort. Balavoine est mort. Et encore les trois autres occupants de l’appareil. Et contrairement à certaines rumeurs, le patron du Dakar n’avait certainement pas pris les commandes, il aurait été incapable de voler de nuit.

Daniel Balavoine mort dans un accident d’hélico en janvier 1986. Coluche mort dans un accident de moto en juin 1986. Décidément, il ne faisait pas bon d’être un militant de la générosité, cette année-là...
C’est également arrivé un 14 janvier

1978 - Johnny Rotten annonce la dissolution des Sex Pistols lors d’un concert à San Francisco.

1973 - Le danseur de claquettes Roy Castle établit le record de 1 440 tapements de chaussure par minute.

1960 - Elvis Presley est promu sergent dans l’armée américaine.

1954 - Le joueur de baseball DiMaggio épouse Marilyn Monroe.

1953 - Tito est élu président de la République fédérative populaire de Yougoslavie

1943 - Franklin Roosevelt est le premier président à prendre l’avion pour un voyage officiel. Il va rencontrer Churchill à Casablanca.

1900 - Puccini assiste à la première de son opéra Tosca à Rome.

1878 - Alexander Graham Bell fait une démonstration du téléphone à la reine Victoria, qui lui commande aussitôt une ligne.


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